Forum en hiatus le temps qu'on se reprenne les couilles en main trololo
« Un jour j'arrêterai de placer des métaphores dégueulasses ici. Ce jour là, SQE renaîtra. » - Batman
-21%
Le deal à ne pas rater :
LEGO® Icons 10329 Les Plantes Miniatures, Collection Botanique
39.59 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez | 
 

 La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Charles P. Baudelaire
Charles P. Baudelaire
« words are my big obsession »
« words are my big obsession »
Âge : 28
Messages : 147
Date d'inscription : 22/03/2012

Personnage Incarné : Baudelaire.
Surnom : Charlie.
Préface de Cromwell : Semper eadem.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : Vingt ans.
Métier : Étudiant en lettres, mais kiffe faire le clochard alcoolo camé libertin.
Que pensez-vous de Noctem ? :
La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty
MessageSujet: La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi   La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty12.04.12 16:38



just bittersweet memories

this can't be heaven, it feels like I'm in hell.



Encore une fois. Il recommençait. Encore une fois. Une fois insignifiante parmi tant d'autres, une goutte d'eau de plus au vase déjà à un tiers rempli.

Il s'oubliait.

Il était avachi contre le bois froid du comptoir, sa main tremblante resserrée autour d'un verre à moitié vide, moitié plein, émettant à quelques instants des tintements lorsque les cubes de glace qu'il contenait s'écroulaient l'un sur l'autre. Seul en cette nuit glacée, toujours emmitouflé dans son manteau sombre, seul dans cette pénombre à peine dissipée par la faible lueur des lampes constituant cette cave miteuse au nom oublié. Le vrombissement du ventilateur accroché au plafond restait relativement silencieux, son hélice continuant son manège aussi doux que frénétique, continuant à éventer avec désespoir le corps brûlant d'un buveur de liqueurs invétéré et le visage presque émacié d'un patron essuyant machinalement deux trois chopes de bière poussiéreuses avec un torchon usé, le regard vide. Charles, dans un geste presque robotique, découragé, porta à nouveau le récipient à ses lèvres empestant déjà l'alcool à des kilomètres. Le liquide frais, refroidi par les glaçons, s'écoula dans sa bouche et, comme si une allumette en contact avec de l'huile venait d'être craquée, sa gorge prit immédiatement feu dès que la liqueur descendit jusqu'à son œsophage.

Il sourit d'aise. Une délicieuse saveur aigre-douce s'installant dans son palais. Que du bonheur. Puis son rictus s'évanouit. Et ça brûle, ça brûle, ça flambe, ça se calcine. Curieusement, c'était lancinant. Il déglutit et avala cette substance amère en grimaçant presque de dégoût, l'incendie s'installant finalement dans ses entrailles. Sa nuque retomba mollement une fois que sa pomme d'Adam redescendit. Le manège continuait. Les aiguilles de l'horloge trônant au dessus de la tête du barman, piliers de son monde ombrageux, continuaient à avancer inlassablement, dépassant les secondes, les minutes, les heures ; ses journées en dépendaient. Plus il entendait ce tic tac incessant, plus ces heures lui semblaient précieuses. Ce qu'il restait de sa vie en dépendait. Le temps le pesait et son cliquetis était mordant, le rongeant depuis sa naissance, le consumant à petit feu.

▬ J'ai envie de chialer.
Tu maugrées ces quelques mots sans attirer l'attention de ton interlocuteur qui n'abandonne pas son attitude monocorde, enroulant son tissu autour d'un autre verre impeccable. Personne ne t'écoute. Lui est habitué à tes délires, tes crises, tes monologues incessants ; il en a vu de partout de vieilles épaves de ton genre.

T'es vraiment qu'un con, Charles. Honnêtement, même-toi tu le reconnais, tout le monde le reconnaît, ce n'est plus un secret pour tout le monde. T'es qu'un ramassis de défauts qu'on ne peut pas nier, une poupée de chiffon traînée sans pitié sur le gravier, clouée au mur, t'as l'air de rien : t'es juste une charogne en pleine décomposition et tu continues à te putréfier. Parce que depuis le début, tu es un damné. Depuis ta précédente existence, tu étais prédestiné à être profondément maudit par Noctem. Ta vie devait être de la pure merde, le trou du cul du monde dont personne n'en avait rien à foutre. Tu détestes les gens et eux n'en peuvent plus de tes actions répétitives, tes mots puants, suant la mort, le dégoût, la douleur. Tes déprimes et tes idées de suicide, tu sais parfaitement bien que ça saoule les gens. Autant que toi tu es saoulé par leur présence, leurs bouches qui remuent sans cesse, leurs mouvements ; vos sentiments restent tout à fait réciproques. L'amabilité n'est pas ton apanage, quoiqu'on en dise.

Tu t'en mords les doigts. Un rire nerveux s'échappe de tes lèvres, faisant lever les yeux du barman qui repose une énième chope avant de s'en saisir d'une autre. C'est juste un automate sans aucune émotion, répétant les mêmes gestes depuis des heures. Ça va faire combien de temps qu'il récure inlassablement des verres déjà propres ? Au fond, t'en sais rien, tu ignores où étaient placées les aiguilles de l’horloge quand t'as posé tes fesses sur une des chaises de cet endroit moisi.

Le tintement clair et aigu d'une clochette le ramena à la réalité et, au même instant que le seul être qui fût avec lui, ils firent pivoter leur tête pour apercevoir le nouvel arrivant qui refermait la porte derrière lui.

▬ Alexi.
Que tu murmures dans un souffle court, répandant ton haleine âcre dans l'atmosphère. Ta vue est trouble, mais tu es capable de reconnaître cette chevelure blonde à des kilomètres. Et tu voudrais esquisser un bref sourire à son adresse, tout en sachant qu'il ne sera pas bien différent de ceux que tu arbores habituellement. Mais tes muscles faciaux lâchent l'affaire. Tu n'as plus la force. Tes iris foncés, quasiment rubiconds, se contentent de darder le blond d'un regard inquisiteur. Tu attends qu'il s'installe à tes côtés, puis tu t'intéresses vaguement aux aiguilles du bourreau qui te torture depuis que tu es là. Elles indiquent fièrement vingt-trois heures moins dix. Un soupir factice, vide d'émotion.

▬ T'es à la bourre.
Voix pâteuse, rauque, noyée dans le liquide alcoolisé. Un grincement désagréable en cette nuit paisible, que seul le hurlement du vent avait le droit de troubler. D'un geste las, Charles passa une main contre son visage, massant ses joues brûlantes, puis releva mollement les mèches ébène retombant sur son visage, fixant le fond de son verre dont il n'en restait plus que le quart.

▬ Parce que tu vois, je suis déjà complètement éméché.
 
Alexi R. Stas
Alexi R. Stas
« we didn't start the fire »
« we didn't start the fire »
Âge : 29
Messages : 86
Date d'inscription : 19/03/2012

Personnage Incarné : Raskolnikov.
Surnom : Nikov.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : 21 ans.
Métier : étudiant.
Que pensez-vous de Noctem ? :
La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty
MessageSujet: Re: La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi   La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty18.04.12 17:03




la pire drogue, c'est l'amertume
but fuck i'm so blue without you


Il pleuvait. Alexi le savait parce qu'il entendait le claquement sec de l'averse sur le toit de sa chambre de bonne. Il aimait bien la pluie, c'était romantique, la pluie. Quand elle venait frapper au-dessus de sa tête les tuiles usées par le temps, le vacarme assourdissant l'empêchait de penser. C'était le vide au creux de sa tête, et ce sentiment le rassurait. Il s'allongeait sous une couverture un peu trop épaisse, il fermait les yeux et quelque part entre la terre ferme et les nuages, il volait dans un océan invisible, brassait l'air, plongeait là où personne ne le voyait. Ce soir, il pleuvait. Alexi avait toujours bien aimé la pluie.

Pourtant, seul dans les rues, accablé par les trombes d'eau, noyé dans l'humidité ambiante, le jeune homme ne se sentait pas bien. La journée qu'il venait d'avoir y était peut-être pour beaucoup, les sourires hypocrites et le sentiment tenace qu'il allait disparaître, dénoncé par quelques traîtres de son implication résistante auprès du bon roi Noctem. C'était une de ces journées où rien n'est sûr, où la paranoïa s'immisce sous la peau de Nikov et s'imprime en lettres capitales sur ses os blanchis par la peur. Quand rien ne va plus vraiment.
Alexi a toujours le même rituel, lorsque le monde autour se met soudain à vaciller ; il va dans un bar miteux, un bouge malsain, et la pluie continue de tomber dehors mais il ne l'entend plus vraiment. Aujourd'hui n'est pas exception, il se met à courir à peine sorti de chez lui, comme possédé. L'averse vient frapper ses fringues dégueulasses, qui commencent à lui coller à la peau. Il trébuche, se rattrape au mur, jette un œil derrière lui pour s'assurer que la garde royale n'est pas sur ses pas. Puis il s'arrête, brusquement. Il se tient droit, dans une ruelle isolée à l'obscurité grandissante, frappé par les filets d'eau tombant du ciel et des toits à gouttières. Il est seul. Le bar est juste à côté. Il entre.

Sa tignasse trempée laisse croire qu'il pleut ici aussi, quand les gouttes rescapées quittent les mèches et s'écrasent sur le parquet. Nikov regarde alentours et ne voit personne qu'il connait, personne qu'il ne voudrait connaître. Si ce n'est Charles. Assis au comptoir, le dos déjà brisé, l'échine perchée sur un verre presque vide.
Avance, Alexi. Il se fait tard et tu pourrais avoir besoin d'un remontant, histoire de réchauffer ton cœur. Avance, putain ! Un pas devant l'autre, les yeux rivés sur la silhouette décharnée du maudit clochard. Pose ton cul sur le tabouret à côté de lui, commande un truc fort. Un whisky, tiens. Et bois.

« Putain, Charles. »

Quel commentaire intéressant. Ferme ta gueule Alexi, et bois bordel. Fais en sorte d'oublier les raisons de ta présence ici, fais en sorte de ne plus rien contrôler, même si tu le regrettes au lendemain, même si tu deviens malsain. Laisse toi aller à l'orgie des buvards. T'es déjà en retard.

« C'est la pluie. Ça fout le bordel dehors. »

Un coup d'œil à Baudelaire. Tu le connais par cœur. Les yeux las, vides d'étincelles. Éteints, mais parfois si brûlants quand il est passionné, inspiré. Défoncé. Ses lèvres closes, légères, figées dans un soupir consenti. Ces lèvres que tu voles de temps à autre, quand il roule déjà sous la table. Ses joues ont rougi, son nez aussi ; sa peau entière transpire l'alcool. Il est beau pourtant, pas vraiment parfait, loin de là même. De lui se dégage cependant un charme tourmenté, un désir violent d'être quelqu'un, et t'as l'impression de te voir en lui. Genre, âmes frères ou un truc comme ça. Bois une autre gorgée, t'es pas assez bourré pour penser à des niaiseries pareilles.
Le liquide t'écorche la langue, sa tiédeur t'allume paradoxalement la gorge et le feu brûle jusque dans tes entrailles. Tu soupires de dégoût, soyons sérieux Alexi, l'alcool n'est pas ton fort. Mais déjà il se glisse dans tes veines, se mélange à ton sang en une danse savamment effectuée, rodée depuis longtemps. De ton cœur pourri, presque inexistant, et à travers ton cerveau fatigué, le whisky voyage et s'amuse à bousiller tout ce qu'il découvre. Rapidement ta vision devient trouble et tes gestes plus lourds. Ton regard sur Charles se vit à contrejour.

« Assez éméché pour me laisser t'embrasser ? »

La question est stupide. Alexi sourit, pourtant, de toutes ses dents. Il se croit drôle, cet imbécile. Il tourne son visage encore trempé de l'averse vers Baudelaire. Il essaie de le fixer droit dans les yeux, mais sa tête tourne d'elle-même, ses paupières clignent sans régularité, on dirait un vieillard dont le corps est déréglé. Il sourit encore, il y a quelque chose derrière ça, quelque chose cachée dans la commissure de ces lèvres ; une plainte intarissable, une douleur maladive qui vous dévore comme la peste, qui vous rend jaune et vert avant de vous mener jusqu'aux enfers en ne laissant derrière vous qu'un cadavre putréfié.

 
Charles P. Baudelaire
Charles P. Baudelaire
« words are my big obsession »
« words are my big obsession »
Âge : 28
Messages : 147
Date d'inscription : 22/03/2012

Personnage Incarné : Baudelaire.
Surnom : Charlie.
Préface de Cromwell : Semper eadem.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : Vingt ans.
Métier : Étudiant en lettres, mais kiffe faire le clochard alcoolo camé libertin.
Que pensez-vous de Noctem ? :
La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty
MessageSujet: Re: La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi   La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty21.04.12 13:21



I can't live here no more

give me a reason to stay here 'cause I don't want to live in fear.



C'était des malades. Tous les deux. Ces deux silhouettes assises l'une à côté l'autre ; l'une à la chevelure sombre, courbée comme un vieillard contre le comptoir et l'autre, aux cheveux cent fois plus clairs, venant à peine d'entamer son premier verre de la soirée. Ils étaient tous les deux des malades.

Il avait toujours vu ça comme une réalité. C'était indéniable. Une réalité fatale qu'il avait appris à accepter, qu'il voyait arriver et accueillait sans esquisser une seule grimace. Charles était un désabusé dont les choses le plus incongrues ne pouvaient plus l'atteindre, aussi invraisemblables et folles furent-elles. Ça s'encrait profondément dans son esprit, naturellement, des clous qui s'incrustaient un à un dans son cerveau enfumé, des plumes qui gravaient à l'encre ses expériences dans son épiderme, un fouet claquant contre son dos pour le couvrir de cicatrices qui avaient peine à se refermer et se cicatriser entièrement. Son petit corps cireux, sans aucune vigueur, son âme creuse, sa conscience éraillée, étaient flagellés de toute part, dans le moindre recoin, la moindre parcelle de peau. Et un coup de fouet de plus, de moins, quelle importance pour lui ? Aucune. Charles s'empiffrait sans cesse de morphine, peu importe sa forme, pour éviter de sentir le poids lourd qui pesait sur tout ce qui constituait sa machine, que ce soit sa chair ou son esprit. Il avait ce besoin constant de se droguer. Et malgré tout, ça continuait à le faire crever.

▬ Assez éméché pour me laisser t'embrasser ?
Il lâcha un rire, son regard affaibli tourné vers le blond. Oh, qu'il est adorable Raskolnikov, à te demander presque une autorisation pour passer ses lèvres sur les tiennes, tu en es presque attendri. Honnêtement. Tu aurais dû perdre immédiatement ton sourire et le fixer d'un air rogue, voire dégoûté.

▬ Bien sûr, Alexi. Bien sûr. Je ne m'en souviendrai pas le lendemain, après tout. Tu sais que je ne m'en souviens jamais ? Pourtant, ça me revient en tête une fois que j'ai bu, que je suis défoncé. Comme si deux personnes distinctes habitaient le même corps. Je dois être un brin schizo. Ou avoir des troubles bipolaires, je sais pas. Je pense bien que je suis plus très sain d'esprit pour faire pire que des monologues.
Et ça le rendait littéralement fou. Porter en permanence un masque a ses conséquences, Charles et tu en es parfaitement conscient. Mais tu te refuses de l'abandonner, peu importe les reproches, parce que t'es plus têtu qu'une mule depuis ta venue au monde. T'as jamais laissé transparaître tes véritables émotions et sentiments sans être sous l'effet de tes paradis artificiels. Sans être sous l'effet d'Estelle ni de Judith. Un jour, tu finiras par faire déborder le vase. Tu feras une overdose de tout ce qui t'accroche à ce monde que tu exècres. Une overdose d'alcool, de drogue, de sexe, de spleen, d'amour. Un jour, ils envahiront tous ensemble ton corps pour te faire exploser de l'intérieur et que tu répandes tes organes pourris de part et d'autre. Et ça encore, tu le sais.

On dit que tu n'es plus trop toi-même quand t'es ivre ou que tu planes sur ton nuage rose. C'est vrai, c'est faux. C'est vrai, car tu ne rejettes plus les hommes que tu repousses d'habitude avec véhémence quand tu ne l'es pas. Dont ce pauvre Christian à qui tu ne veux pas laisser une seule chance de te donner plus qu'une étreinte. C'est faux, parce que t'as cette fichue impression de mieux te connaître, de mieux te comprendre quand tu l'es. Parce que ton cerveau devient une effusion de pensées brûlantes qui ne te reviennent pas le matin ; des pensées qui surgissent, se mélangent, explosent, puis qui s'effritent. Ton sourire vide et insensé est figé vers Stas et tu gardes les yeux mi-clos, attendant le contact.

Le dernier glaçon de ton verre fond dans le whisky, sous la chaleur de ta paume. Le goût a dû s'estomper et devenir encore plus dégueulasse, mais l'alcool ne fond pas, le poison qui te gangrène restera efficace quoiqu'il arrive. Tu t'en mords les doigts. Bientôt tu vas vomir sur la chemise du premier venu et ce quelqu'un sera probablement ton compagnon. Pauvre, pauvre Alexi.

▬ Dis-moi Lexi,
Il s'accouda sur le comptoir, la joue dans sa paume libre, alors que le barman s'était éclipsé dans sa réserve, jugeant mieux de laisser seuls ces deux énergumènes peu scrupuleux qui se roulaient des pelles devant lui.

▬ Toi aussi, tu as déjà voulu qu'un jour tout t'appartienne rien qu'en le souhaitant ?
Tu souris d'un air enfantin, presque rêveur en lui demandant ça. C'est bon, tu planes. Ta question est aussi puérile que ta mimique ; sérieux, on devrait te gifler pour tant de connerie. Ce sont des réflexions de gamin de huit ans, capricieux et qui réclame à ses parents le dernier jouet qu'il a aperçu dans une vitrine. Mais si ses vieux avaient les moyens de lui payer n'importe quel objet de convoitise, tant qu'elle fût matérielle, il y avait certaines choses qu'un gosse de riche ne pourrait jamais obtenir même avec les poches remplies de thunes. Même en le voulant, tu ne peux pas changer, Charles. Même en le voulant, tu ne peux pas obtenir Judith d'un claquement de doigts, Charles. Tu le sais. Tu le sais parfaitement. Mais tu continues à pousser des cris silencieux, te débattant comme un nourrisson privé de paroles et cherchant à hurler de toutes ses forces. Tu te bats. Tu te bats encore pour un peu de bonheur. Tu te bats encore contre Noctem, quelque part.

▬ Je me demande si ça me plaît de souffrir.
C'est faux et c'est vrai. Au fond, qu'est-ce qui te prend de tout lui dire ? De lui révéler tes pensées ? Tu n'as pas peur de dévoiler tes faiblesses à n'importe qui ? Non. Alexi est peut-être différent. C'est peut-être bien pour ça que que tu lui laisses accès à ta bouche et tes préoccupations ; tu es comme lui, il est comme toi, vous vous appréciez, vous vous aimez, vous vous comprenez. Vous êtes des malades.
 
Alexi R. Stas
Alexi R. Stas
« we didn't start the fire »
« we didn't start the fire »
Âge : 29
Messages : 86
Date d'inscription : 19/03/2012

Personnage Incarné : Raskolnikov.
Surnom : Nikov.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : 21 ans.
Métier : étudiant.
Que pensez-vous de Noctem ? :
La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty
MessageSujet: Re: La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi   La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty28.04.12 12:09




la pire drogue, c'est l'amertume
i wish i knew how to quit you


Il suait la misère, le désarroi, suçant les glaçons imbibés d'alcool. Le froid lui crevait les dents, lui brûlait la langue, mais il s'en foutait. La douleur le rappelait à sa condition, s'imposant comme une réalité qu'il aurait préféré oublier. C'était la raison de sa présence ici, les soirs de pluie et de quiétude, les soirs où tout allait mal, où tout allait bien. Tous les soirs où il en avait besoin. Il voulait effacer ce qu'il était, ce qu'il avait toujours été, supprimer l'idée qu'il se faisait de son avenir et des conséquences de ses choix. Parfois, il se perdait dans des corps brûlants, au son de gémissements emplis de désir, nu à en faire rougir. Ce soir, il préférait rester ici, dans la pénombre du bar, accoudé au comptoir, buvant à s'en faire vomir.

Charles rit brièvement, dans l'écho du silence. Sa voix était fiévreuse, son ton déstructuré. Un rire sardonique à demi-haché, sans charme et sans intention. Il riait instinctivement et s'arrêta subitement. Pourtant, il gardait un sourire figé sur ses jolies lèvres. Alexi le voyait en biais, il se sentait piégé par ce sourire, cerné de toutes parts. Il voulait s'y abandonner.

« Bien sûr, Alexi. Bien sûr. Je ne m'en souviendrai pas le lendemain, après tout. Tu sais que je ne m'en souviens jamais ? Pourtant, ça me revient en tête une fois que j'ai bu, que je suis défoncé. Comme si deux personnes distinctes habitaient le même corps. Je dois être un brin schizo. Ou avoir des troubles bipolaires, je sais pas. Je pense bien que je suis plus très sain d'esprit pour faire pire que des monologues. »

Le blond fait la moue. C'est tout ce qu'ils sont, Charles et lui. Des potes de beuverie, parfois un peu plus, jamais trop non plus. Il oublie ses baisers, il ne s'en rappelle que lorsqu'il est défoncé, déchiré, ailleurs. En quoi ceci est juste, en quoi ceci vaut le coup ? Alexi sent la hache lui gratter la peau, lui vriller les os. Il a des élans de colère parfois, et dans ses yeux nait une glaciale lueur qui disparaît aussi sec. Il n'est pas un assassin, après tout. Pas dans cette vie.
Qu'importe, si Baudelaire ne se souvient pas de ses lèvres quand la lucidité le rattrape. Ici, maintenant, il est à lui, il lui appartient. Il compte bien marquer son territoire d'un baiser cinglant, puant le whisky et le tabac, puant le désir et le froid.

Une larme. Une putain de larme. Pleure, Alexi, dans le silence de la nuit. Tu es pathétique, recroquevillé sur ta misère, ébahi de ta propre existence. Il y a de l'eau qui s'échappe de tes paupières, un peu de sel sur ta joue brûlante, qui vient frapper le bois sec du comptoir et laisser une infime trace. Tu pleures derrière tes cheveux, tête baissée, et le monde t'échappe une nouvelle fois ; les gens auront de la peine, lève la tête vers Charles et regarde le s'attendrir, mais tu n'attires que pitié et compassion, jamais amour, jamais passion tout court. Alors tu gardes la tête baissée, tu attends que le flot se tarisse, derrière les hommes jouent aux fléchettes, au billard, ils s'amusent et rient de bon cœur. Où est ton cœur, Raskolnikov ?

« Dis-moi Lexi, toi aussi, tu as déjà voulu qu'un jour tout t'appartienne rien qu'en le souhaitant ? »

Alexi renifle. Il se redresse enfin, plante son regard dans celui de Charles. Cette étincelle dans les yeux du poète, due à l'alcool ou la faible lueur d'une bougie, d'un néon, qu'importe, le captive. La misère lui va si bien.

« J'aurais voulu que tu m'appartiennes. »

Lexi riait. Le romantisme n'avait jamais été son truc, bien qu'il se soit pris à rêver de prince et de grand amour. Il était plus destiné aux histoires sans sentiments, aux soupirs d'un soir dans des draps blancs et doux, aux caresses tendres de parfaits étrangers. Les vraies passions lui étaient étrangères, pourtant il en rêvait. Qu'un homme lui crie son amour sous l'averse, lui achète une rose rouge tous les jours, lui chante des ballades mielleuses. Ce n'était juste pas son destin, ce n'était pas ce qu'il méritait ; mais quand Charles était là, affaibli par l'alcool, ses barrières tombant peu à peu, Alexi y repensait. Il savait que jamais, entre eux, ne naîtrait un véritable amour, une passion dévorante. Il ne faisait que fantasmer sur l'idée d'une histoire dont il savait que si elle existait, elle ne serait jamais belle.
Ils auraient été ces amants étranges, dont la relation se résume à du sexe bestial, au lit et sur le plancher dur, dans les ruelles sombres et les voitures, un truc animal et violent, mais jamais de je t'aime, jamais de rose rouge. Jamais de chansons sous un soleil couchant.

« Je me demande si ça me plaît de souffrir. »

Tu l'embrasses. Subitement. Parce qu'il raconte de la merde, il ne comprend rien. Peut-être parce que tu aimes souffrir, aussi, et c'est ça qui vous rapproche. Masochistes sortis du placard, amants d'un soir, de plusieurs soirs. Toujours si tard. Le contact est brutal, tu ressens sa surprise mais tu le domines, ta main perdue sur sa joue, accrochant son cou comme si tu avais peur de le perdre, comme s'il pouvait s'enfuir à tout moment ; et tu joues de ta langue, tu retiens l'instant. Tu attends qu'il réponde au baiser que tu lui donnes avec passion, tu lui fais juste comprendre qu'il peut disposer de toi comme il le souhaite. Cette nuit dans l'absolu, vos corps seront en fête.

 
Charles P. Baudelaire
Charles P. Baudelaire
« words are my big obsession »
« words are my big obsession »
Âge : 28
Messages : 147
Date d'inscription : 22/03/2012

Personnage Incarné : Baudelaire.
Surnom : Charlie.
Préface de Cromwell : Semper eadem.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : Vingt ans.
Métier : Étudiant en lettres, mais kiffe faire le clochard alcoolo camé libertin.
Que pensez-vous de Noctem ? :
La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty
MessageSujet: Re: La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi   La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty25.06.12 12:47



you just bring me pain

I'm not insane, cut out my heart with this razor blade.



▬ J'aurais voulu que tu m'appartiennes.
Il y avait quelque chose qui n'allait pas. Quelque chose qui sonnait faux, qui n'avait pas lieu d'être. Quelque chose qui paraissait mensonger à ses oreilles. Il planait, certes. Son esprit voguait dans les vapeurs des boissons, embrumé par la chaleur, engourdi par le froid qui s'engouffrait discrètement par la porte. Peut-être que mieux encore, il était simplement en train de rêver. Que tout allait s'évaporer d'un instant à l'autre, alors qu'il se tournerait vers Raskolnikov, voulant avoir confirmation de la vérité, voulant se convaincre qu'il ne racontait pas des fadaises.

En temps normal, il l'aurait repoussé, de ses maigres forces, de ses bras sans aucune consistance, profondément écœuré, un haut-le-cœur lui secouant le corps. Mais ça. Ce n'était qu'en temps normal, lorsque ce masque artificiel lui retournait l'esprit et n'en montrait qu'une face trompeuse. Ce truc dont il n'était quasiment pas conscient, qui comme un automatisme, s'était collé sur son visage sans qu'il ne demandât rien. Puis qui fondait comme la cire dès que le feu de l'alcool commençait à crépiter et à tout dévaster dans son esprit trop carré, trop froid, trop calculé. Ce que l'on respire dans ton âme putréfiée, ce n'est que de la rigidité.

Mais c'est trop tard. Déjà trop tard. Il t'a embrassé, tu as simplement perdu le fil. Il t'a déjà enchaîné et emmené pour un voyage sans retour ; ce rituel que vous avez coutume de réaliser tous ces soirs de déprime, de confession, de larmes. Tes mots se bousculent et se dessinent dans ta pensée, ils se forment, s'alignent un par un, forment quelques phrases. Et pourtant, aucune ne parvient à faire le parcours depuis ton cerveau jusqu'à ta cavité buccale emprisonnée par les lèvres d'Alexi, passant sa langue sur les tiennes. C'est un baiser imprégné d'alcool, puant la liqueur, au goût aigre et amer ; aucune douceur, aucun romantisme, vos dents se sont entrechoquées et tu manques de le mordre par surprise. Ah oui bien sûr, le baiser habituel. Celui qu'Alexi avait l'habitude lui donner et qu'il oubliait dès le lendemain, comme si rien n'était arrivé. Amants du soir, inconnus du jour, voire connaissances. Charles ne souvenait pas de sa voix ébréchée, quelques bribes de souvenir, puis il le saluait vaguement sans réellement s'en intéresser. Ce manège recommençait et l'intérêt qu'on pouvait y trouver n'avait jamais existé. Pourtant, il aimait bien. Il aimait bien cette relation dénuée de sens, ces étreintes décharnées de tout amour. Il l'aimait un peu, Alexi. Alors il fermait ses yeux légèrement injectés, lui autorisait à passer la barrière ; il ouvrait tout simplement la bouche pour qu'il pût trouver un quelconque plaisir. Ça lui plaisait. Quelque part.

Son propos était rentré par une oreille et ressortie par l'autre. Tu en as par dessus la tête de tout ce mélodrame, tout ça te fait chier. Puis il te revient en tête, déformé. La voix du blond fond, grésille, s'aggrave et s'imprègne d'une teinte morbide que tu ne connais trop bien.

J'aurais voulu que tu m'appartiennes.

Tu l'entends avec ta voix. Tu l'as tellement répété à ta jolie blonde toi. Elle ne l'avait jamais accepté, ne l'avait pas réellement écouté. Elle s'était contentée de te jeter un de ces regards dédaigneux avant de détourner la tête, portant son unique attention sur l'autre abomination. Cet idiot de deux mètres incapable de te foutre la paix et qui pourtant serait capable de n'importe quelle prouesse à la moindre de tes bêtises. Tu cours après le bonheur et reste aveugle face à celui qui est peut-être tout près, comme un con. Quel gourmet difficile tu fais, pire qu'une mule. Alors sans prévenir, tu te retires, les joues incendiées, mais l'esprit tourmenté.

▬ « J'aurais voulu que tu m'appartiennes, j'aurais voulu que tu m'appartiennes. » Et qu'est-ce que ça veut dire ? Que tu m'aimes ?
Tu répètes, tu le chantes comme un bébé. Il n'y a pourtant rien d'agressif dans ta voix, rien de cruel, rien qui ne veuille blesser ton blond. Seulement de la déception. Ça se sent dans ta façon de le regarder, les sourcils froncés d'une manière maladroite et les lèvres serrées jusqu'à te les mordre. Tu ne supportes pas de te rappeler et que tes souvenirs reviennent comme une gifle ou, au pire, un coup de poing dans le ventre. Pourquoi vous vous ressemblez tant ? Pourquoi répète-t-il les mêmes merdes que toi ? Dire ça, c'était l'équivalent de ce que tu ressentais pour la blonde. Dire ça, c'était l'équivalent de ce que ressentait Chris pour toi. Jusqu'à aujourd'hui, tu te demandes encore pourquoi il avait fallu que tu croises le chemin de ces trois individus, simples, joyeux, n'ayant aucun véritable triste passé à cacher.

Mais alors, toi qu'est-ce que tu caches ?

Tu croques dans le glaçon survivant au fond de ton verre, ne te souciant pas de la douleur glacée qui s'installe sur tes molaires, tes incisives, tes canines. Tu t'en moques. Et ce serait tellement facile d'oublier celle qui te secoue la poitrine, aussi aisément que n'importe quelle douleur physique. Ce serait tellement facile d'oublier la bile qui cherche à remonter vers ta gorge. Tu réprimes un nouveau rire nerveux. Une réaction impulsive que tu cherches à retenir, qui essaye désespérément de sortir et de s'échapper dans l'air.

▬ Non.
Tu réponds à sa place. C'est évident. Tu t'accoudes de nouveau sur le bois, le menton posé contre ta paume, frottant de ton index le verre humide, qui grince d'un son insupportable sous le contact. Tu ne souris pas, tu grimaces. Tu ne parles pas, tu hurles doucement.

▬ Non. Oublie. C'est pas comme si je voulais l'entendre.
Si, au fond, tu as envie de l'entendre. Mais n'espère rien, ces mots ne sortiront probablement jamais de la bouche de celle qui t'obsède ; peut-être bien qu'ils sortiront de la bouche de celui que tu cherches à fuir. Peut-être bien. Mais dans les deux cas, tu ne respectes rien. Tu n'en voudras pas, toi qui es si capricieux.


Spoiler:
 
Contenu sponsorisé

La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty
MessageSujet: Re: La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi   La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi Empty

 
 

La pire drogue, c'est l'amertume ▬ Alexi

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

 Sujets similaires

-
» Circé - Votre pire cauchemar a les cheveux rose bonbon

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Sum quod eris. :: L'ILIADE ET L'ODYSSÉE :: La Fontaine Sainte-Fortune-