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 there's something inside you, it's hard to explain — capella

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Graham S. Corinthe
Graham S. Corinthe
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Personnage Incarné : Sisyphe

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MessageSujet: there's something inside you, it's hard to explain — capella   there's something inside you, it's hard to explain — capella Empty05.06.12 19:23


Les jardins suspendus de Babylone (kassdédi) — le jardin publique de Cassandre.
there's something inside you, it's hard to explain — capella P7idF


they're talking about you boy


« Vous avez un nouveau message. Nouveau message reçu aujourd'hui à 10:47.
C'est Capella. Je dois encore avoir perdu mes clés. J'ai fermé ma porte ce matin mais je ne les retrouve pas, je ne les ai pas sur moi. Je ne peux plus rentrer chez moi, tu comprends Scott ? Et il y a un bruit bizarre dans mon téléphone. Viens me rejoindre. Ah, je crois que c'est parce qu'il n'a plus de bat-... »

Graham ouvrit les yeux.
Au début il n'y eu que le plafond immaculé au-dessus de sa tête que le soleil arrosait d'une lumière aveuglante. Il resta là, quelques minutes à dévisager ce ciment livide, allongé sur son canapé, un peu trop fatigué peut-être pour se lever, pas assez aussi pour se rendormir. Il avait dormi tout habillé, comme toujours. Quelque part derrière lui, le répondeur émis un bruit succinct et mate, et la voix féminine, automatique, se déclencha une nouvelle fois.

« Vous avez un nouveau message. Nouveau message reçu aujourd'hui à 10:47.
C'est Capella. Je dois encore avoir perdu mes clés. J'ai fermé ma porte ce matin mais je ne les retrouve pas, je ne les ai pas sur moi. Je ne peux plus rentrer chez moi, tu comprends Scott ? Et il y a un bruit bizarre dans mon téléphone. Viens me rejoindre. Ah, je crois que c'est parce qu'il n'a plus de bat-... »
Et ça recommençait.
« C'est Capella. »
Il poussa un sifflement, attrapa Le Mythe de Sisyphe qui trainait par terre et le jeta sur le répondeur pour qu'il se taise enfin. Il n'avait plus sommeil, il ne se sentait même plus engourdi par la fatigue ; il n'avait juste pas envie de se lever. Il aurait voulu continuer à dévisager les coins de la pièce qui créaient quelques ombres sur les murs, ou son canapé qui lassait trainer son obscurité sur le sol. Pourtant il se leva. Se passa de l'eau sur le visage, enfila une nouvelle chemise blanche et sorti.

Il fallait parcourir tout Cassandre pour retrouver Capella. Il n'avait trouvé personne au café des Noctambules, avait cru l'apercevoir à la librairie, avait traversé toutes les rues du quartier résidentiel, puis longé, longé le mur des Lamentations. Il était passait à travers la ville, tentant d'entrevoir quelques cheveux blancs, ou peut-être un quelconque froissement de cette écharpe que le héros troyen portait toujours autour du cou. Il s'arrêtait devant chaque photographe, dévisageait tous les passants, les arrêtait parfois pour leur demander si on l'avait vu. Mais personne n'avait jamais vu. Personne ne voyait jamais Capella. Lorsqu'il se volatilisait, c'était toujours une disparation magnifique. C'était un évanouissement grandiose, sans bruits, sans témoins, comme un tour de magie, Capella n'existait plus. Il fallait errer de lieux en lieux, s'arrêter devant la fontaine Sainte-Fortune, tenter de capturer un instant de son visage à travers tous les autres visages, croire apparaître sa longue silhouette cachée derrière tellement d'autres corps. Il fallait espérer le croiser par hasard, entre deux grandes avenues, oublié en plein boulevard, évanouit entres les ruelles. Non, on ne retrouvait jamais Capella, c'était lui qui décidait de réapparaitre.
Alors lorsqu'il l'avait enfin entrevue, assis sur un banc du jardin publique, il ne se précipita pas vers lui, il ne l'appela pas même. Non, Graham s'avança de sa démarche tranquille, son sourire à demi rongé par son visage. Il aurait pu être en colère, il aurait pu peut-être, être furieux ou paniqué ; mais il marchait juste tranquillement, en souriant un peu.

Je ne savais pas où tu étais. Je suis passé chez toi et la porte était ouverte. Tu ne l'avais pas fermé en fait. Tes clés étaient sur la table et j'en ai profité pour ramasser ton courrier, et ranger un peu. Et le plombier a appelé, il viendra demain pour ta fuite d'eau. Je serai là aussi de toute façon.

Il y avait un soleil qui lui frappait les épaules et le ciel clair presque blanc. Tout autour de lui, des cris d'enfants, le rire d'une femme, quelques garçons qui jouaient au ballon. Du bruit partout. Ça s'animait dans tous les sens. Excepté Capella, assis sur son banc comme s'il avait oublié, comment faire pour lever son corps, pour tendre ses bras, pour plier ses jambes, pour faire marcher tout ça. Il oubliait déjà tellement de choses : des prénoms remplis de lettres qui se confondaient, des lieux qui se ressemblaient tous et toutes sorte de gens qui se remplaçaient. Il effaçait peu à peu, détails après détails, il se balayait lui-même. Oh ça faisait des années maintenant, que Capella ne voyait plus rien.
Pourtant c'était toujours Graham qu'il appelait lorsqu'il avait égaré ses clés, Graham lorsqu'il était perdu ou même lorsqu'il avait faim et ne savait pas quoi manger. Et peu importe que Sisyphe se fasse appeler Scott, Curtis, ou même Jules : tout ce dont il avait peur vraiment, c'est qu'un jour, Capella cesse de l'appeler.

On devrait marcher un peu, plutôt que de rester là. Tu sais bien que je vais m'endormir si je m'assoie sur ce banc.

Et sans attendre que Capella ne se lève, il commença à marcher.



but you're still the same
 
Capella A. Eacide
Capella A. Eacide
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Personnage Incarné : achille.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : vingt-et-un an.
Métier : plongeur intérimaire (dans les restos, pas en mer), paparazzi à mi-temps.
Que pensez-vous de Noctem ? :
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MessageSujet: Re: there's something inside you, it's hard to explain — capella   there's something inside you, it's hard to explain — capella Empty29.07.12 11:01


Some cities make you lose your head
endless suburbs stretched out thin and dead


Il regarda la nuit droit dans les yeux, enfonçant le lointain éclat de ses sœurs jusqu'à ses rétines. Tant pis pour ses iris que les lampadaires brûlants aveuglaient, tant pis pour le jour qui rugissait à l'horizon, matinalement férocement conquérant, il ne voyait que cette nuit qui lui semblait n'avoir jamais été aussi profonde et noire. Et puis, l'aube l'avala.

S'il avait pu, Capella aurait grimpé jusqu'au ciel, immédiatement délaissé le firmament pour l'espace et se serait jeté sans cérémonie mais avec tout de même un peu d'émotion dans un trou noir. Comme ça, pour savoir ce que ça faisait. Et puis un peu aussi pour ne plus rien voir, pour ne plus rien entendre, ne plus rien percevoir, ne plus rien imaginer, plus rien croire, plus rien craindre. Pour ne plus rien être.
Mais il restait là, les deux pieds coincés coulés dans le béton traître de la réalité, à regretter de n'en avoir ni les capacités ni assez de volonté. Et il se rassérénait en se murmurant à lui-même qu'il pouvait toujours se supprimer, ça y ressemblerait sûrement assez fidèlement. C'était souvent à ce moment qu'il entendait du bruit à l'intérieur de lui — Achille ne pouvait tolérer un tel affront. Car, bien sûr, l'idée de s'évanouir dans un obscur néant n'était même pas envisageable pour le solaire Achille. Le suicide du soleil par la main de la nébuleuse ? Impensable ! Mais Capella ne savait rien, ne savait pas, que votre sauveur pouvait porter le masque d'un tueur. Alors, l'homicide de la nébuleuse à la pointe de la lame du soleil ? Insupportable !, crie t-on au loin en grec. Et l'aube l'avalait.

Un casque de fer trouait avec acharnement ses tempes et sous sa peau ses nerfs se déversaient dans son sang, dans un très inspiré élan de corrosion. La cohabitation avec un spectre n'était jamais indolore mais personne n'avait semblait-il daigné l'en prévenir. Alors des os fantomatiques s'entrechoquaient aux siens, et le moindre atome dont il était fait en tremblait. Il n'y avait plus rien en lui qui ne trembla pas à s'en fissurer et le seul son à s'élever plus haut que ce vacarme effondré demeurait la pulsation régulière d'un chœur de chaînes lancinantes et de fumées gémissantes.

Était-on encore la nuit ou déjà le jour ?
Il ne savait pas. Il savait juste qu'il n'y avait pas d'heure pour les fantômes.

Ça sentait le souffre et le métal chauffé à blanc, quelqu'un pensait tout haut — si on pensait encore — que ça puait la finitude et la folie douce.
L'aube l'avait avalé. Et puis recraché, avec un dégoût amer.


Il avait les pupilles dilatées perdues au milieu de ses yeux écarquillés et un dernier souffle indistinctement coincé quelque part. Il n'avait plus de nom, plus d'empreinte, plus de contour, plus de consistance, plus d'ombres, plus d'être, de sensation d'être — il ne mourrait pas, c'était pire. Il n'existait plus. Il n'existait pas. On n'avait même jamais existé.

▬▬▬

Capella ne se réveilla pas. Capella ne se réveille presque jamais. Il n'y a pour lui aucune différence flagrante, aucun changement d'état percutant entre le sommeil et la veille, il suffit d'un battement de paupière, d'un regard détourné, d'une focalisation alternative et la passerelle se déroulait sous ses pieds, invisible, imperceptible. Ses déambulations oniriques avaient seulement une autre teinte, autre éclairage, une autre odeur, autre saveur, et il n'y croisait pas les mêmes silhouettes — ses oubliés y revenaient anonymement le poursuivre. Songes et réalité s'entremêlaient si intensément en lui, tout se retrouvait stocké au même endroit, tout s'agglomérait, se confondait, complétait les manques de l'un de l'autre, tout se livrait une guerre sans merci pour la meilleure place, le privilège d'un fugitif éclair de mémoire transcendante. Capella vit en continu. Le seul répit auquel il puisse prétendre lui est déconseillé et le seul repos, sous sédatifs. Il ne connaît pas l'hébétude de l'éveil, la sienne est constante. Et sa lucidité dérisoire.
Il louvoyait dans les rues de Cassandre, se fourvoyait une énième fois lorsqu'il disparut. Le monde ne s'arrêta pas de tourner, le ciel ne tomba sur la tête d'aucun, les eaux ne virent pas engloutir Cassandre ; tous avaient bien trop l'habitude. Personne ne savait quand est-ce qu'il réapparaîtrait et personne ne voulait le savoir.


Un crissement de freins le tira jusqu'à la surface — il ne comprenait pas la moitié des insultes vociférées à son égard, ça le chagrina un peu. Le chauffeur tenta une violemment charmante diatribe mais c'était peine perdue, Capella était déjà captivé par un reflet iridescent sur le capot tiède et rutilant. Il regretta de ne pas avoir son appareil avec lui, sortit son portable à la place et son doigt glissa de lui-même vers la touche cinq. Les numéros pré-enregistrés nous sauveront tous un jour.

Il s'était perdu à l'intérieur de lui, il cherchait comment il avait atterri dans cet abominable parc et comment sortir de lui-même. Le bruit de la vie qui ruisselle autour de lui l'infecte et plus il tente de les tenir loin de ses tympans plus les échos et les silences le prennent à la gorge. Il y a des milliards de sons déjà éteints qui viennent ricocher sur ses pensées, des milliards de gestes destinés à d'autres absents qui l'empoignent à l'intérieur, des milliards de regards qui ne le conçoivent même pas et qui pourtant s'enfoncent en lui comme autant de milliards de harpons et de lances ; il y a des milliards de déclaration de vie qui se déchirent dans l'air et toutes ont pour lui les intonations de proclamations de guerre.
Et puis comme un soupçon de miracle, il y a la voix de Graham, l'ombre du sourire de Graham, la silhouette qui résonne en repère immuable de Graham. Il y a Graham et c'est une main salvatrice qu'on tend vers Capella et qu'il n'espérait déjà plus. Il lui faut un peu de temps pour que le miracle opère, que les entraves se dissolvent et qu'il revienne à cette réalité où son corps peut encore se mouvoir, ses yeux voir autre chose que des chimères et son cœur battre.

J'ai une fuite, moi ?

Il savait que ce n'était pas important, il savait qu'il oublierait de toute façon avant la fin de la journée, il savait juste que Scott serait là et que ça suffisait. Capella ne se redressa pas, cela se fit sans qu'il en ait conscience et avant qu'il ait su recommencer à respirer et à sourire, il marchait à la suite de Graham — il l'aurait suivi au bout du monde, des cieux rancuniers jusqu'aux bas-fonds des enfers, sans jamais se poser aucune question. Ce n'était même pas de la loyauté ou de la confiance, c'était quelque chose sur lequel il n'y avait pas de mot à poser. On aurait voulu dire que Graham était l'élan de Capella, mais ce n'aurait pas encore été tout à fait ça. Ou alors on aurait parlé d'un élan qui le tendait — et vers lequel il tendait — sans contrainte, d'un ressac dans il se jetait à n'en plus finir, d'un horizon qui l'appelait de si loin qu'il pouvait déjà l'effleurer lorsqu'il se retenait parfois au bras de Graham.

Tu dormais. Pourquoi tu viens toujours si tu dors ?

Cassandre pouvait peut être bien tourner sans Capella mais Capella ne tournait pas rond sans Graham.

You watch the life you're living disappear ;
And now I see, we're still kids in buses longing to be free.
 
 

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