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 Pour un ordinateur de plus... -> Lovecraft

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François Rabelais
François Rabelais
« words are my big obsession »
« words are my big obsession »
Messages : 61
Date d'inscription : 21/06/2012

Personnage Incarné : François Rabelais
Surnom : Rabby, Françoise, saucisson.

VOYAGE AU CENTRE DE LA TERRE
Âge : 24 ans.
Métier : Buveur de talent, prêtre à mes heures perdues.
Que pensez-vous de Noctem ? :
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MessageSujet: Pour un ordinateur de plus... -> Lovecraft   Pour un ordinateur de plus... -> Lovecraft Empty11.08.12 0:01

Pour un ordinateur de plus... -> Lovecraft Captur10
Pour un ordinateur de plus...

Rabelais était allé dîner chez un de ses bons amis. Après avoir fait bonne chaire pendant près de trois heures et bu assez de vin pour remplir la calle d’un petit sangria, la discussion s’était écourtée et n’avait trouvée d’autre malheureuse direction que celle du bon vieux temps. Rabelais n’avait que vingt-quatre ans, et de fait, ça ne le passionnait guère. De fil en aiguille, son ancienne vie fût évoquée, et on lui conseilla pour poursuivre ses écrits, puisqu’il avait la chance d’avoir conservé son talent, de se pourvoir d’appareillages modernes qui optimiseraient sans aucun doute son rendement. « Vous verrez, c’est fabuleux. Lorsque vous serez habitué à la machine, vous pourrez écrire de telle sorte que vos doigts iront aussi vite que votre pensée. Ce sera comme dérouler un long serpentin au rythme de votre imagination. Bien moins pénible que d’écrire à la main, où les mots se perdent parce que le geste –écrire- n’est pas assez rapide. Et puis les correction, pardon ! Une petite manipulation magique et le tour est joué. Je vous assure, mon père, ça change la vie. »

La vie de Rabelais n’avait à son avis nullement besoins de changements, mais il est des fois où on se laisse ainsi convaincre, par inconscience, sans vraiment comprendre sur l’instant que nos propres désirs se font abuser par les démonstrations grandiloquentes des AUTRES.

Et le voilà face à la fabuleuse industrie de l’informatique. Le magasin est énorme, « monstrueux, », dirait Rabelais. Il ouvre sa gueule béante sur une avenue qui semble squattée par le moitié de Cassandre, comme si tout le monde avait trouvé ici un grand lieux de rendez-vous absolument affriolant. Pour le prêtre, il ne s’agissait de rien de plus qu’une avenue commerçante particulièrement désagréable de par ses odeurs humaines et son fourmillement continue. N’étant pas matérialiste, il avait du mal à comprendre tout ces gens dont l’achat d’un objet insolite suffisait à ensoleiller une après midi. Ainsi fixait il l’entrée avec un air de dégoût imperturbable, s’interrogeant sincèrement sur ce qu’il adviendrait de lui s’il osait seulement glisser un morceau de pieds au delà de la limite du béton, jusque sur ce si précieux tapis gris industriel. Il souffla sur ses doigts engourdis, prit son courage à deux mains…

Des escaliers. Des escalators. Un vaste réseau entremêlé. Un cruel labyrinthe dans lequel le pauvre écrivain se sent moins importante qu’une fourmi. Il se déplace avec prudence entre les étalages qui n’en finissent pas. Il est gavé comme une oie, n’ose plus poser les yeux sur le moindre article de crainte d’exploser. Après trois allez retours infructueux au rayon musique, une errance de trente minutes au sein des bibelots dont il est ressortie les bras chargés avant de réaliser qu’il se faisait abuser par les Rois de la consommation, il parvint enfin à l’achèvement de son périple et planta sa tante durant quarante longues minutes devant un point de renseignement, non loin une rangée de superbes appareilles portables qui le dévisagent d’un œil méchant. Rabelais a besoins de l’aide d’un spécialiste : sa propre incompétence lui a sauté au visage au moment précis où il a réalisé être tout à fait incapable d’allumer la plus basique de ces petits engins. Toute forme de progrès technologique est pour François Rabelais une terrible énigme. Ca durait depuis longtemps, comme une maladie.

- Bonjour, que puis-je pour vous ? »
- Bonjour, » Rabelais prend un air important pour essayer de faire croire qu’il sait pourquoi il est là. « Je heu… Cherche un ordinateur. Je crois que vous en avez. » Le vendeur lui décoche un regard qui éradique sans compromis sa piètre tentative.
- On ne peut rien vous cacher. Vous cherchez un modèle précis ? »
- Heu… Hum… Heu… Heu ? »
- Bon, qu’est ce que vous voulez faire avec ? »
- … Heu… » Rabelais sort de sa poche un petit papier sur lequel une âme charitable lui a donné quelques renseignements. « Il me faudrait… Pouvoir écrire… Et l’internet. »
- Ha. Oui. C’est pour voyager ? »
- … On peut voyager avec ? »
- Oui. Non. Je veux dire, vous pourrez le transporter, si vous prenez un modèle portable. »
- Et quel est le mieux ? » Piètre tentative de paraître au jour du sujet, Rabelais esquisse un pauvre sourire timide écrasé par la toute puissance du savoir de ce vendeur qui a tout juste bac +1.
- Ca dépend de ce que vous voulez en faire. »

Me torchez avec, manque de répondre le prêtre qui commence doucement à en avoir assez qu’on le prenne de haut. Il voudrait lui faire bouffer son petit calepin, à ce merdeux là, tiens, pour lui apprendre un peu à digérer la vie, la vraie. Il se contrôle. Il respire lentement, hausse les épaules et répond froidement :

- Ecrire. C’est simplement pour écrire. Comme vous pouvez le constater, je suis affreusement obsolète : j’écris à la main, éclairé par une bougie, au fond d’une cave remplie de saucissons bio. Je veux juste pouvoir écrire plus vite, vous comprenez ? Quelque chose de simple, de pas trop chère avec lequel je puisse écrire. C’est dans vos compétences ? »

On le conduit avec un profond dédain jusqu’à un modèle qu’on lui certifie être « ultra basique » et qui sonne aux oreilles de Rabelais comme « ho mon dieu casse couille ». Fatigué de l’attente, du bruit, de l’agitation et des explications incompréhensibles du vendeur, Rabelais fini par se voir coller entre les mains un ordinateur dont il n’a pas retenue un dixième des fonctionnalité. Mais comme une petite vieille qui change de portable, las, battu, il accepte ce qu’on lui donne sans discuter, avec le vague sentiment de se faire arnaquer. On lui indique un autre guichet « pour un disque dur plus performant ». En a t-il seulement besoins ? Il n’en sait rien. Il n’a aucune idée de ce que peut être un disque dur, de toutes façons. Alors il y va, dans l’espoir d’en finir vite. Il cherche quelqu’un derrière le guichet, personne. C’est alors qu’il remarque un jeune garçon qui semble particulièrement hostile au reste du monde. Il le fixe intensément dans le but de définir s’il s’agit de quelqu’un capable de le renseigner ou non et décide finalement que oui.

- Bonjour, monsieur. Pour acheter un disque dur, je fais comment ? »

Alors que pas du tout.



 
 

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