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 Lait entier ou demi-écrémé ? [Victor Hugo]

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D. Becky Davis
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Préface de Cromwell : Lait entier ou demi-écrémé ? [Victor Hugo] Ox0bP

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MessageSujet: Lait entier ou demi-écrémé ? [Victor Hugo]   Lait entier ou demi-écrémé ? [Victor Hugo] Empty08.07.12 16:10

Spoiler:

Aujourd’hui, nous sommes mercredi.
En ce moment même, la faim au creux du ventre, je suis accroupie devant la porte de mon frigo désespérément vide et je me pose cette question existentielle ; dois-je ?
1) Hurler de rage.
2) Implorer le seigneur.
3) Hurler de rage sur le seigneur.
4) Mendier auprès de ma voisine de palier.
5) Voler le goûter de son fils.
6) Tuer un pigeon pour le manger.
7) Me résoudre au cannibalisme.
Je me demande quel goût peut avoir la chair humaine quand j’entends le coucou du voisin sonner quatorze heures à travers la cloison en papier pâte de nos deux appartements. Je relève la tête du bac à légumes de mon réfrigérateur dans lequel moisit une ultime tomate, et me souviens alors que j’ai prévu de faire les courses avec Victor Hugo cette après-midi.
Faire les courses.
Je hausse les épaules. Je n’y aurais pas pensé moi-même.
Aussitôt, je saute sur mes pieds, referme la porte du frigo d’un coup de hanche et attrape mon téléphone portable qui traîne sur le comptoir de la cuisine ; puis je pousse le chat qui s’est endormi sur mon manteau – que j’ai abandonné sur le canapé, il y a une heure, en rentrant du travail – et le revêt prestement, tout en chaussant mes baskets.
Une porte claque, une clé tinte et dans la luminosité poussiéreuse d’une cage d’escalier, on entend résonner le rire d’une promesse.

___________________________________________________________________________________________________________

J’hésite.
Dois-je acheter une pelle à balayette multicolore ou un arrosoir escargot comme cadeau de mariage pour ma sœur ? C’est une question sérieuse, à laquelle il faut prendre le temps de réfléchir. Ce que je me jure de faire, quand une silhouette qui traverse mon champ de vision attire mon attention. Je connais ce dos, songeais-je en moi-même. Je décide de reposer les objets que je tiens en main dans le but de la poursuivre ; malheureusement, je réagis trop tard. L’homme a déjà disparu dans la foule d’un rayon attenant. Je fronce les sourcils et reviens sur mes pas, déçue. Pour autant, j’ai un drôle de pressentiment. Comme si j’avais déjà vécu cette situation. C’est une étrange conviction mais dont je ne parviens pas à me défaire, même après avoir finalement opté pour la pelle à balayette et être revenue auprès de Victor qui remplit le caddy de son côté.
Je me penche justement au-dessus pour examiner ce qu’il compte acheter. Je suis rapidement exaspérée. Les seuls articles qui ont un intérêt dans ce chariot sont ceux que j’ai choisis. C’est-à-dire…
1) Dix pots de pâté. (Parce que « tu vois Victor, le pâté, c’est un peu comme le saucisson… ».)
2) Un costume de sorcière. (Victor refuse de me croire quand je lui affirme qu’il serait sensationnel dedans.)
3) Trois sacs de croquettes pour chat. (Pour quand j’invite des gens à manger.)
4) Un balai. (Parce qu’une sorcière sans balai, c’est nul !)
5) Un collier en forme de donut.
6) Un porte-clé pingouin.
7) Un pack de bière. (J’arriverai à faire enfiler ce costume de sorcière à Victor d’une manière… ou d’une autre.)
Agacée, je lève les yeux au ciel. Exagérant un soupir pour le forcer à me concéder son attention, je m’humecte les lèvres. Une vieille habitude de mon père que j’ai copiée durant ma tendre enfance, à cette époque en noir et blanc où je lui vouais une admiration aveugle.

« N’as-tu jamais remarqué que bourgeois et boulet sont deux mots qui commencent par la même lettre ? »

D’un geste imprévisible, j’attrape une boîte de céréales sur une étagère et déchire son emballage. Je glisse une main gourmande à l’intérieur, quand mes doigts touchent une surface lisse. Intriguée, je sors un petit objet plastique du paquet. C’est une figurine de la mascotte de la marque. Je détaille un instant son museau noir, ses yeux minuscules comme des têtes d’épingle, son ventre rond et son pelage rugueux, puis la brandis sous le nez de Victor.

« Ce qui m’amène à me demander… Ne serais-tu pas plus boulet que bourgeois, monsieur Hugo ? »

Sur ce, je me débarrasse discrètement du jouet dans sa poche dans un « Il te ressemble un peu, tu ne trouves pas ? » narquois et lui adresse mon plus beau sourire. A cet instant précis, je me sens pleinement satisfaite de moi-même et respectueuse des traditions familiales, puisque faire le mal autour de soi a toujours été une devise chez les Davis. Mes ancêtres étaient des malfrats, des fripouilles, des chenapans – tous morts mauvais chrétiens, vicelards et immoraux. C’est ainsi que les décrit encore mon arrière grand-mère qui, peinée de la réputation de notre lignée dépravée, a toujours eu du mal à se confronter à mon regard. Autrefois, quand j’étais petite, c’était par peur d’y lire la honte ; aujourd’hui, maintenant que je suis grande, c’est par crainte d’y trahir ma fascination.
Je suis brusquement interrompue dans mon monologue intérieur par l’apparition fantomatique du même homme. Qui ? Je me tords le cou dans l’espoir de voir son visage, mais ne parvient à distinguer qu’un pan d’uniforme avant qu’il ne disparaisse à l’angle. Un uniforme ? J’ai soudain un éclair de lucidité bienvenu et je me frappe les mains dans un « Eurêka ! » risible.
J’oublie aussitôt mon arbre généalogique et me précipite sur Victor dans un dérapage hystérique. Je dois réprimer un ricanement quand, penchée à son oreille, je tente vainement de prendre ma voix la plus mystérieuse.

« Hé, Victor. Tu ne voudrais pas savoir pourquoi un vigile nous suit depuis que nous sommes entrés dans le supermarché ? »

Je me recule dans un pas de danse chancelant et mal chorégraphié, un reste fragile de ce qui fut un temps une vocation à mes yeux de petite fille. J’ai du mal à contenir mon impatience, mais je tiens à ménager un certain suspense sans lequel tout ça serait beaucoup moins amusant – adjectif auquel je résume trop souvent mon vocabulaire, paraît-il ; tous des mauvaises langues, soyez en assurés.
Finalement, après quelques secondes de silence sans cesse dérangé par un pouffement indigne de ma part – ô disgrâce ! –, je me mets à énumérer :

« 1) Il est en réalité membre de la mafia et je lui dois de l’argent, comme dans les films.
2) Il me trouve tout à fait séduisante et il voudrait bien me demander mon numéro de téléphone mais comme il est timide, il hésite à m’aborder – donc il se contente de se languir de ma majestueuse beauté de loin.
3) Il TE trouve séduisant.
4) C’est un voyeur qui ne s’avoue pas.
5) J’ai dessiné un cœur avec ma clé sur le pare-choc de sa voiture.
6) Il te confond avec un dépravé sexuel recherché dans tout Cassandre.
7) La dernière fois que je suis venue ici, j’ai déclenché une violente dispute entre deux femmes, chacune convaincue que c’était à l’autre que j’avais humblement demandé de pousser son « opulent postérieur » de mon « royal chemin ».
Alors ? Que réponds-tu ? »


Spoiler:
 
 

Lait entier ou demi-écrémé ? [Victor Hugo]

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