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 [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.

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Victor Hugo
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MessageSujet: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty27.03.12 21:27

ROXANE
    Mais si le régiment, en partant, le laissait
    Avec ses chers cadets, pendant toute la guerre,
    A Paris, bras croisés !... C'est la seule manière,
    Un homme comme lui, de le faire enrager
    Vous voulez le punir ? privez-le de danger.

DE GUICHE
    Une femme ! une femme ! il n'y a qu'une femme
    Pour inventer ce tour !


____S'il y a bien une chose que Victor Hugo a en horreur, c'est bien les jours de congé ; ou plutôt ceux édictés par Noctem, ou par n'importe quelle autre administration. Il est le seul à pouvoir décider quand il s'arrête de travailler, à savoir rarement. Ses jours de congés ne sont pas imposés par le jour de l'année mais bien le calendrier précis de ses dossiers. Il déteste s'arrêter de travailler quand il a quelque chose à faire. Il se sent parfaitement irresponsable et inutile. Ses clients ont besoin de lui, tout de même ! Il oserait même dire que le monde a besoin de lui ! Ce n'est pas de la prétention, non non, mais il a des responsabilités, lui. Il a un poste à pourvoir. Des gens à sauver. Des casiers à fermer. Des signatures à poser. Et surtout du temps à combler.
____Aujourd'hui c'est carnaval et Victor Hugo fulmine. Sa conscience citoyenne lui refuse de se mettre au travail quoi qu'il en coûte (il rapporte toujours du travail chez lui, chacun son doudou). Aujourd'hui c'est jour férié alors on ne travaille pas et on va s'amuser comme tout le monde. Mais non. Si Victor accepte l'inaction, il refuse la bonne humeur. Aujourd'hui, c'est carnaval et l'avocat fulmine. Il a juste envie d'être de mauvais humeur et de la balancer à son prochain. Le pauvre Charles (son fidèle doberman) en paye le prix fort depuis le réveil de son maître. Incapable de rester en place, le trentenaire se refuse également de sortir dehors. Il n'a pas envie de croiser tous ces fêtards inconscients. Aujourd'hui, il veut faire la guerre au monde, il veut s'emporter dans des discours enflammés et convaincus, il veut partir dans une bataille qui ne serait pas gagnée d'avance. C'est pourquoi il reste enfermé chez lui.
____On pourrait croire que, en tant qu'adulte responsable et instruit, il s'est auto-censuré et a décidé de rester chez lui pour éviter toute rixe ou risque d'enfermement. Peut-être qu'il va décider de combler cette frustration dans un de ces jeux vidéos pour bourrin auquel il joue fréquemment pour évacuer le stress. Ou bien qu'il va appeler quelques amis, sortir les bouteilles et oublier soigneusement son courroux dans l'alcool. Mais il arrive parfois que Victor ne soit pas raisonnable. Il arrive en des jours comme aujourd'hui où il veut juste se prendre le bec avec quelqu'un, n'importe qui, pourvu que ce soit violent et hargneux. Or, il sait exactement où trouver quelqu'un capable de remplir parfaitement cette fonction et pour cela, il n'a même pas besoin de lever le petit doigt. Il a juste à attendre soigneusement sa proie.

____Il est dix heures du matin, troisième café depuis son réveil aux aurores, et la petite Léopoldine n'a toujours pas montré son museau. Malgré le célibat actuel du jeune Hugo, celui-ci est loin de vivre seul. En plus de son fidèle Charles (qui a bien compris que aujourd'hui, il ne valait mieux pas sortir de son panier), la maisonnée héberge un autre étrange spécimen : Léopoldine Magyar, vingt ans, étudiante en droit, magnifique représentation d'un Javert avec des cheveux longs et locataire de Victor depuis maintenant deux ans. Léopoldine, c'est sa fille, c'est son personnage, c'est son objet. Elle lui doit tout, de ses études à ses vêtements en passant par les draps sur son lit. Et c'est pourquoi il peut tout se permettre, surtout en ce qui concerne son éducation : elle doit suivre les traces de Javert.
____Affalé sur le café, Victor allume sa cinquième cigarette de la matinée. En cet instant, il semble à des années lumières de l'homme que l'on peut croiser si souvent dans les grands procès ; il a troqué son costume habituel pour un jean, un t-shirt uni et des chaussons de grand-père, ce qui semble pour lui la plus vaste révolte vestimentaire dont il soit capable. Arborant toujours fièrement ses lunettes et sa mâchoire parfaitement rasée, il a par contre quitté sa coiffure parfaitement soignée, abandonnant sa raie sur le côté pour constituer un amas hirsute de chevelure brune. Au final, il ressemblerait presque à un homme normal un matin de congé s'il ne se tenait pas aussi droit et s'il arrêtait de fixer la porte pour se concentrer sur l'Oculus qu'il a ouvert au hasard.
____Ce n'est pas normal. Léopoldine n'est pas du genre à se lever tard. Or il attend son apparition depuis huit heures du matin, elle ne peut pas être déjà partie. Victor n'aime pas cela. Une dispute avec Léopoldine c'est le parfait moyen de se défouler. Leurs disputes sont nombreuses, constructives (car forment son caractère de Javert) et toujours sans grand conséquence : ils recommençent le lendemain, sur le même sujet, sans qu'aucun des deux n'aie changé de position. C'est sans risque et distrayant, parfait.
____Victor enrage. Et si son visage neutre, voire détendu, n'en laisse rien paraître, la façon dont sa cigarette approche de plus en plus vite de sa fin ainsi que le nombre de ses congénères occupant déjà le cendrier met vite la puce à l'oreille à qui le connait bien. Léopoldine doit obligatoirement passer par le salon pour sortir. Or nous sommes un jour férié, c'est carnaval aujourd'hui et il fait un temps superbe ; aussi associable soit-elle, elle ne peut pas décemment rester enfermer ici. Il n'y avait que des gens tordus comme lui pour faire ce genre de chose.

____Et puis, finalement, il entend Léopoldine descendre les escaliers avec sa notion de la discrétion si particulière. Un sourire discret passe sur son visage tandis qu'il écrase avec application son mégot dans le cendrier. La porte ne tarde pas à s'ouvrir avec grâce et délicatesse. La jeune femme est donc accueillie par cet étrange Victor souriant presque aimable et par sa voix trop douce pour être honnête : « Bonjour Javert. »
____Le spectacle peut commencer.
 
Léopoldine J. Magyar
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty30.03.12 22:03

Souvent, quand M. Madeleine passait dans une rue, [...] il arrivait qu'un homme de haute taille, vêtu d'une redingote gris de fer, armé d'une grosse canne et coiffé d'un chapeau rabattu, se retournait brusquement derrière lui,

Elle rouvre les yeux. Le livre se corne encore entre ses doigts. Elle a un temps de réaction assez lent, à cause de son réveil en catastrophe. En apparence, il n’y paraît pas, elle est immobile. Seulement, elle se rappelle ce qu’elle a lu hier soir. Non, plutôt, ça se rappelle tout seul à sa mémoire. Elle aurait préféré ne pas le lire. Ou si, au contraire, comme ça, elle serait peut-être sauvée. Léopoldine est pleine de contradictions. Sa chambre n’étant pas des plus exiguës, elle, est pleine de livres. Ce sont tous les mêmes. Quand ce ne sont pas diverses versions du code civil, ce sont des exemplaires indénombrables des Misérables de Victor Hugo. Oui, car ce dernier avait jugé bon d’en offrir un à sa protégée à chaque fois qu’elle abimait le précédent. Et, étant donné qu’elle avait pris la fâcheuse habitude de se défouler dessus, autant dire qu’ils s’amoncelaient dès à présent sur son plan de travail. Et elle s’énervait toujours dessus. Léopoldine est bornée. D’un autre côté, ce n’était pas comme si sa cohabitation avec une tête de mule dans le genre de l’avocat avait arrangé la chose, au contraire. L’un et l’autre ne semblait rien s’apporter de bénéfique. Pourtant, elle avait presque cru à de la charité lorsqu’il lui avait offert son foyer. Ça l’avait été, dans un premier temps, mais à quel prix.

A présent, quand bien même ils se sautaient régulièrement à la gorge, ni l’un, ni l’autre n’envisageait de se séparer. Ils ne vivaient aucune idylle mais dépendaient chacun, à leur manière, du second. On ne repeindra pas encore une fois le tableau. De toute façon, Léopoldine ne sait pas peindre. Léopoldine ne sait pas faire grand-chose. Elle n’est bonne qu’à réciter quelques lois par cœur, et à grogner après les passants. Elle ne nourrit aucun talent artistique et aucun souhait de création. Elle serait plus de ceux qui détruisent. Elle s’est mise au tir, et se rend toutes les semaines au stand. On hausse un sourcil quand elle passe à l’accueil, chercher un revolver. Elle ferait presque fille de bonne famille. Et puis, elle tourne un peu le visage sur le côté, et là, le mythe s’effondre. Une cicatrice lui barre la joue. Et elle montre les dents si on ne se presse pas de lui filer son flingue.

Au départ, elle s’agaçait de ne pas savoir pourquoi Hugo s’intéressait à son cas. Ils se situaient tous les deux aux antipodes l’un de l’autre. L’un avait la fièvre de la création, tandis que l’autre était on ne peut plus terre-à-terre. L’un tenait de longs et beaux discours sans éprouver la moindre fatigue, tandis que l’autre n’alignait jamais plus de deux phrases simples. Lui aspirait à retrouver la gloire que s’était conféré son prédécesseur, elle, ne voulait que mener une vie on ne peut plus banale, faute d’un tantinet d’imagination. Vraiment, elle avait beau chercher dans tous les coins, rien n’aurait pu attiser la curiosité de l’homme de lettres. Pas même son physique. Oui, car elle-même le reconnaissait, elle aurait eu davantage de succès dans une meute de chiens de chasse que dans un bordel. Léopoldine n’a pas beaucoup d’amour-propre.

Et puis, malgré sa légère tendance à être longue à la détente, elle avait saisi. Des détails qui ne peuvent échapper. Quelques déclarations qu’on n’avait pas prises au sérieux, à son grand désarroi qui survint tout aussitôt. Voilà qu’elle était à présent assimilée à un personnage de roman. Et pas des moindres, puisqu’il s’agissait du policier hargneux des Misérables. Elle pouvait dès lors se vanter d’avoir lu les premières parties … sans jamais parvenir à la fin. Jusqu’à aujourd’hui. Ou plutôt hier soir. Elle en était restée à veiller tard, alors qu’elle avait un entraînement le lendemain. D’un autre côté, apprendre la bien piètre façon dont vous allez mourir, ça n’est pas réputé pour avoir des vertus reposantes. Bien entendu, elle avait encore du mal à croire qu’elle était capable d’incarner quelque personnage fictif, néanmoins, elle s’était jusqu’alors faite à cette idée, puisque c’était en échange d’un toit et d’un endroit où dormir. Mais, aussi peu raisonnée pouvait-elle paraître, elle avait fini par y voir un tantinet plus clair.

Bien entendu, en découdre avec son « père » n’allait pas être une tâche aisée. De ce fait, elle préféra attendre, patienter un peu. Oui, ça lui arrivait parfois. Elle s’est donc levée, le lit à grincer. Sa chambre était trop grande à son goût. C’était aussi pour cette raison qu’elle y balançait toutes ses affaires. Dans l’espoir de l’encombrer, faute de pouvoir la rétrécir. Espoir vain d’une demoiselle un peu crédule sur les bords. Elle se prépare et, après un intense moment de réflexion qui ne se reproduira pas deux fois dans la même journée, elle enfile sa tenue de football. Car Léopoldine court après un ballon, comme un véritable chien. A croire que c’était gravé en elle. Oh, elle vient de l’intégrer, elle ne s’en rend pas encore compte. Victor n’est même pas au courant, d’ailleurs. L’idée ne lui a pas effleuré l’esprit ; elle s’en moque de savoir s’il se préoccupe d’elle. Il a mieux à faire avec ses étranges amis. Choses que Léopoldine n’avait pas encore. Toutefois, le foot, ça se pratique en équipe. Elle avait donc toutes ses chances. Car Léopoldine espère, des fois, quand on ne la relègue pas au rang d’être démuni de conscience de soi.

Son sac sur l’épaule, elle dévale l’escalier d’un pas aussi léger que celui d’un dragon à collerettes. Ses longs cheveux font un voile blanc et presque transparent dans son dos, noirci par le maillot de sport. Son ensemble est d’ébène, en effet. Quelques touches de rouge. Elle ressemblerait à s’y méprendre à l’animal de légende qui lui sert de nom de famille. Peut-être que « papa » va davantage tolérer son nouveau loisir. Il est déjà debout, elle le sait. Elle sait exactement l’heure à laquelle il se lève. Si tout se passe comme prévu, elle entrera dans la pièce, il sera tiré à quatre épingles, elle se sentira un peu minable dans sa tenue de sport, mais peu importe, elle tirera la tronche et annoncera, morne, qu’elle se rend au stade. Fin.

Léopoldine entre donc dans la pièce. Charles sort aussitôt de son panier pour venir lui renifler les genoux. Le regard sanguinaire de la demoiselle semble s’adoucir, le temps de saluer le chien avec un respect que l’on était censé réserver au genre humain. Genre humain qui se résume actuellement à un seul homme, attablé juste là. Elle lève les yeux, son sourire blanchâtre a disparu. Hugo n’est pas tiré à quatre épingles. Il a la figure dans son café, une cigarette coincée entre les lèvres et, à en juger par les relents de tabac et de caféine, ça faisait déjà un moment qu’il s’adonnait à ce genre d’activités qui ne lui ressemblait tout bonnement pas.

-« Bonjour Javert. »
-« Moi c’est Léopoldine. »


Réponse directe, vive comme un coup de poignard. Coup de poignard asséné contre une montagne. Elle ne parvient jamais à lui faire plier l’échine. Il est trop sûr de lui. Le bagage que son prédécesseur lui avait laissé le lui permettait. Léopoldine ne ferait aucun commentaire sur le « bagage » de « son » « prédécesseur ». Elle pose machinalement son sac sur la table, défie la racine des cheveux de Victor du regard.

-« Il n’y a pas et n’y aura jamais de Javert, tu sais. »

Remarque proférée sur un ton mauvais. Elle n’a pas pris la peine de sourire sournoisement. Elle n’en a pas envie. Son logeur est son bourreau. Ça s’équilibre, elle ne lui doit donc plus rien. Elle n’a jamais eu aucune dette envers lui, car c’est lui qui a tendu les filets pour l’attraper. C’est lui qui a rafistolé d’anciens pièges à loups pour lui mettre le grappin dessus. Elle, tout ce qu’elle veut, c’est une niche et un os. Jamais elle n’avait pensé que son collier et sa laisse allaient tant l’étrangler.


Dernière édition par Léopoldine J. Magyar le 02.04.12 17:17, édité 1 fois
 
Victor Hugo
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty01.04.12 20:34

    ____Don Salluste.
    Et vous pas de mémoire.
    Je fais ce que je dis, et vous pouvez m'en croire.
    Vous n'êtes que le gant, et moi je suis la main.
    Bas et se rapprochant de Ruy Blas.
    Si tu n'obéis pas, si tu n'es pas demain
    Chez toi, pour préparer ce qu'il faut que je fasse,
    Si tu dis un seul mot de tout ce qui se passe,
    Si tes yeux, si ton geste en laissent rien percer,
    Celle pour qui tu crains, d'abord, pour commencer,
    Par ta folle aventure, en cent lieux répandue,
    Sera publiquement diffamée et perdue.
    Puis elle recevra, ceci n'a rien d'obscur,
    Sous cachet, un papier, que je garde en lieu sûr,
    Écrit, te souvient-il avec quelle écriture ?
    Signé, tu dois savoir de quelle signature ?
    Voici ce que ses yeux y liront : " Moi, Ruy Blas,
    " Laquais de monseigneur le marquis de Finlas,
    " En toute occasion, ou secrète ou publique,
    " M'engage à le servir comme un bon domestique. "

    ____Ruy Blas, brisé et d'une voix éteinte.
    Il suffit. – je ferai, monsieur, ce qu'il vous plaît.


____ D'un mouvement, Victor Hugo avala son reste de café. Malgré l'agressivité de Léopoldine, il ne s'était pas arrêté de sourire ; il savourait la situation délicate qui commençait à dérouler ses fils. Léopoldine, pour changer, n'était pas de bonne humeur mais une telle agressivité était plutôt rare si tôt le matin et démontrait qu'ils étaient tous deux d'une humeur particulièrement massacrante. Pourtant Victor restait parfaitement calme. Il jouissait d'avance du conflit, de la future colère débordante de Léopoldine, sa crise de nerfs et surtout, oh oui surtout, de sa douce victoire. Aujourd'hui, il avait envie de l'écraser, il désirait se sentir supérieur et ainsi alimenter un ego qui avait pourtant bien d'autres sources de satisfaction.
____« Bonjour Javert, répéta-t-il en insistant sur le second mot, machiavélique. »

____Puis il remarqua le sac sur la table, la tenue de son personnage et réalisa finalement que l'agression de Léopoldine était définitivement bien loin d'être anodine. Après avoir posé sa tasse sur la table, il se leva et, tout en la fixant, s'en approcha jusqu'à se retrouver juste face à elle. Que faisait-elle dans cette tenue ? Tout en la déshabillant presque du regard, il fit glisser une mèche de cheveux blancs derrière une oreille toute aussi pâle, du bout des doigts. Puis il lui réajusta inutilement son col et lissa un pli d'une de ses manches. Enfin, avec un sourire presque protecteur, il lui ébouriffa les cheveux. L'échange avait duré à peine quelques secondes. Quelques secondes où ses yeux avaient jaugé en silence l'accoutrement de sa protégée. Il souffla alors un étrange mélange de soupir et de pouffement.
____Victor touchait continuellement Léopoldine. Mais jamais de manière obscène – la manière dont il ne la considérait absolument pas comme une femme était presque alarmante, voire insultante. Ils étaient loin d'êtres amants et n'étaient pas véritablement amis. Pourtant, l'avocat aimait sentir qu'elle était en son pouvoir. Il la rhabillait, la recoiffait ou lui faisait des réflexions sur ses vêtements, sur ses accessoires, ses manières, sa chambre, son régime alimentaire. Il aimait influencer son apparence, son comportement et son environnement. Elle lui appartenait. Elle était Javert, son personnage à lui, lui qui avait dessiné son aboiement, sa mâchoire, son destin, son sourire absent et son aveugle obéissance à la Justice. Il aimait rappeler constamment son statut de propriétaire : ni ordre, ni cri, ni menottes, ni barreaux, juste une omniprésence sous-jacente et une omnipotence sur son présent et son avenir. Elle dépendait de lui et il jouissait de le lui remémorer, particulièrement dans ses rares accès de mauvaise humeur.

____Suite à son inspection, il s'assit à moitié sur la table et alluma tranquillement sa sixième cigarette de la journée. Par principe, il se refusait à fumer lorsqu'il travaillait or la quasi-totalité de sa vie était consacrée au travail, lui laissant le reste du temps pour fumer comme un pompier et sans remords. Certes, lorsqu'il vivait avec sa mère il avait la décence de ne pas fumer devant elle, fasciné qu'il était par sa procréatrice si belle et si dévouée. Mais avec Léopoldine, c'était l'inverse. Elle n'aimait pas l'odeur de ses cigarettes et il le savait. Il aimait se dire elle empesterait le tabac à plein nez en sortant de chez lui. Il aimait se dire que son emprise dépassait le seuil de la demeure.
____Car leur relation était physiquement délimitée par les murs de la maison. Depuis qu'elle avait emménagée ici, ils ne se voyaient plus à l'extérieur. Si tel était le cas, c'était parce que Victor savait la jeune fille entre ses mains : il était donc inutile de la poursuivre au risque de l'effrayer. De plus, elle avait perdu presque tout intérêt en tant que personne depuis qu'il la savait Javert. Elle était condamnée à être continuellement réduite ou élargie aux contours du personnage. En s'écartant de la vie privée de Léopoldine, il pouvait faire perdurer la douce illusion qu'elle se cantonnait aux fantasmes qu'il avait d'elle.
____En expirant sa première bouffée de tabac, il expulsa enfin les sarcasmes qu'il faisait mijoter depuis plusieurs secondes, avec un sadisme inhabituel. « Qu'est-ce que tu fais là-dedans ? Ne me dis pas que tu comptes faire du football, ricana-t-il en jetant un regard au ballon qu'elle transportait. Avec qui jouerais-tu, de toute manière ? »

____En temps normal, il n'aurait jamais été blessant. Il n'abordait que rarement l'asociabilité de la jeune fille, tout simplement parce qu'il s'en moquait ou qu'il trouvait qu'elle seyait au personnage. Mais aujourd'hui, il voulait que Léopoldine perde les pédales. Qu'elle rougisse de honte ou de colère, qu'elle lui en veuille, qu'elle se débatte et essaye de s'échapper. Elle savait très bien qu'elle n'en avait aucune chance
____Victor Hugo était un homme de pouvoir. Un homme possessif et jaloux de ce qui lui appartenait. Or Javert était entre ses mains et il refusait catégoriquement qu'une pauvre Léopoldine le lui vole.
 
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty05.04.12 19:20

et le suivait des yeux jusqu’à ce qu’il eût disparu, croisant les bras, secouant lentement la tête, et haussant sa lèvre supérieure avec sa lèvre inférieure jusqu’à son nez, sorte de grimace significative qui pourrait se traduire par :

La messe est dite : Léopoldine n’aimait définitivement pas quand il souriait. Surtout si ce sourire était figé et incroyablement faux. D’habitude, il ne prenait la peine de ne bouger aucune ride de son visage de verre. Quelque chose ne collait pas. La jeune fille était des plus douées pour repérer ce genre de choses. Elle et son train-train quotidien adoré. Un chien sent quand quelque chose n’est pas à sa place, comme il s’attristera d’avance lorsqu’il perçoit que son maître est sur le point de partir. On a beau remettre en doute leur profondeur de réflexion, sur ce point-là, ils sont imbattables. Ainsi, Léopoldine resta sur ses gardes, plus que jamais, campée sur ses longues jambes. On pouvait presque sentir la vibration de ses muscles qui se tendaient, tandis que la petite étoile à fleur de peau sur son front apparaissait, témoin d’une quiétude partie en vacances dès son réveil. Ses doigts s’agrippent autour de la bandoulière de son sac, comme si elle était prête à fuir. Ce qu’elle ne fera pas, pas maintenant en tout cas. Ça se déroulait souvent de la même manière : au début, elle jouait le jeu et lui tenait tête, et puis, finalement, elle finissait toujours par tirer sa révérence, la queue entre les jambes. Néanmoins, les conditions initiales n’étaient pas respectées, car ce n’était pas elle qui lui était rentrée dedans. Ou alors, elle ne l’avait pas vu venir.

Il se lève, elle tressaille : on délimite clairement à présent qui a le dessus, aussi bien physiquement que psychologiquement. Mais Javert, malgré son rôle prédéfini de méchant, fait partie de ses héros qui se relèvent sans relâche, même le visage couvert de boue, pour aller vers un avant qu’ils croient meilleur. Alors elle reste en place. Même quand il la recoiffe, elle ne sourcille pas, non sans peine. C’est l’une de ses nombreuses manières à son égard. Il est toujours derrière elle pour lui défroisser un pli de son manteau, limite pour lui lasser sa botte. Un peu comme un père à sa fille. Sauf que la fille n’est plus une enfant et que le père n’est pas le père. Un père ne cherche pas autant de noises à sa progéniture. Dans le monde de la littérature, il faut croire que si. Les écrivains ne sont-ils donc que de grands enfants capricieux ? Dans ce cas, elle était de loin la pire des mères qu’on pouvait leur attribuer. Autant qu’elle soit dans le rôle de la fillette, dans ce cas. Même si ça lui déplaisait à un point inimaginable. Son esprit était encore trop simple pour qu’elle puisse comparer ces prétendus babillages à une véritable manifestation de l’emprise de Victor sur elle. Elle ne distinguait pas clairement la cage dans laquelle il la couvait. Elle sentait la menace, seulement. Comme si tous ses sens n’étaient pas encore au point. Javert serait-il un produit inachevé ? Hugo vous répondrait que non. Le problème ne venait pas de l’officier de justice, mais bien de sa prétendante.

Puis, ses longs doigts d’écrivain se détachèrent d’elle. Aussitôt, d’un mouvement de tête, elle ramena sa mèche à sa position initiale, soit lui barrant son visage sévère. Il s’assit sur la table, allumant une cigarette. Elle s’obstinait à ne pas ciller, jusqu’à ce qu’il lui cracha littéralement la fumée au visage, à la manière d’un dragon menaçant. Ils pouvaient se ressembler, parfois. Elle eut naturellement un mouvement de recul, ayant banni depuis un moment le tabac et l’alcool de ses hobbies, aussi divertissants qu’un mot croisé du siècle précédent. Le coin des lèvres qui se crispent, les paupières qui se ferment. On dirait une petite fille. Elle agita la main, pour évacuer les résidus âcres dont l’odeur nauséabonde était dès lors logée en parasite dans ses cheveux et ses vêtements. Mais le pire restait à venir. Car c’est à ce moment-là qu’Hugo montra les crocs. Et c’était comme un loup, mais en bien pire.

-« Qu'est-ce que tu fais là-dedans ? Ne me dis pas que tu comptes faire du football. Avec qui jouerais-tu, de toute manière ? »

Le visage de Léopoldine se décompose peu à peu, à mesure qu’elle se répète mot pour mot ce que son « père » vient de lui asséner. Quelque chose cloche vraiment. On n’avait presque jamais abordé le fait qu’elle ait « relativement » un mal fou à se faire des amis. Elle pensait qu’il n’était pas mauvais au point de remuer ainsi la plaie autour du couteau. Oui, dans ce sens-là. C’était comme si sa propre cicatrice s’ouvrait un peu plus, béante sur sa joue pâle. Elle ne se préoccupait plus de la fumée. Elle n’avait jamais existé. Elle n’était jamais entrée dans cette pièce. Cet homme ne lui avait jamais dit ça. Elle ne l’avait d’ailleurs jamais rencontré. Elle aurait pu remonter encore loin comme ça. Toutefois, il lui restait tout de même un tant soit peu de volonté pour lui tenir tête, ne serait-ce que pour qu’il ne se délecte pas trop tôt de sa victoire. Preuve qu’elle n’avait toujours pas saisie où il voulait en venir.

-« Si, je vais jouer. Ça va faire bien des semaines que je joue, d’ailleurs. Tu ne le savais pas ? »

Elle haussa un sourcil provoquant, ce qui finit de déformer encore un peu plus son visage un peu émacié. Certes, elle a exagéré, puisque c’était seulement sa deuxième séance. Tant pis. Il fallait au moins ça pour être un tantinet crédible. Voire plus. Non, elle s’en tenait à ce mensonge-là. Après, ce serait la violence plus animale. C’est un chien après tout.

-« Il y a encore beaucoup de gens qui me considèrent comme un être humain. »

Elle ment, car personne ne la connaît. Donc personne ne la considère. Elle montre les dents, prête à lui sauter à la gorge, pour mieux mordre la poussière ensuite.
 
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty27.04.12 14:15

JOUISSANCE - n.m.
  • Plaisir intense, intellectuel ou moral, que l'on tire de la possession de quelque chose ou de la connaissance.
  • Plaisir physique intense.
  • Libre disposition de quelque chose.


VictorElle était là, sa jouissance. Aujourd'hui, il ne désirait pas d'alcool, de tabac, de femme ou d'amitié pour le détourner de ses problèmes. Ce dont il avait besoin pour se détendre, pensait-il, c'était de voir ce visage se tordre de haine, de surprise, de honte. Il avait l'absurde désir de la voir se tordre de douleur à ses pieds, qu'elle se répande en injures à son sujet tout en sachant pertinemment qu'elle n'était rien face à lui. Ce qu'il ressentait, c'était l'étrange plaisir que certains fous ressentent à écraser les faibles. En cet instant, il ressemblait étrangement au même personnage qu'il s'efforçait à torturer : Javert. Et comme pour confirmer cette comparaison, un sourire de carnassier se dessina sur le visage aristocratique de l'avocat, en partie caché par la main qui amenait de nouveau la cigarette vers cette bouche mesquine. Il sentait la victoire proche.
Victor« Si, je vais jouer. Ça va faire bien des semaines que je joue, d’ailleurs. Tu ne le savais pas ? »
VictorDe nouveau, les yeux bleu de Victor se posent sur celle qu'il considérerait presque comme sa fille s'il avait eu ne serait-ce qu'un brin de fibre paternelle. Il avait juste la sensation absolue que Léopoldine lui appartenait, à lui et à lui seul. Et s'il y avait bien une chose que Victor détestait avec Léopoldine, c'est qu'on lui rappelle son ignorance (bien que volontaire) à son égard. Quand elle le contredisait, il aimait que ce soit pour lui mentir ou pour tenter une pitoyable fuite à la toute-puissance de son opposant. Il détestait que la rébellion soit efficace, ou même honnête. Il détestait ce regard provoquant qu'elle lui lançait.
VictorVictor n'était pas de bonne humeur aujourd'hui. Ce dont il avait besoin c'était d'une simple dispute, d'une agression gratuite et d'une victoire facile ; rien de plus. Alors qu'elle ne se mette pas à dériver sur une confrontation plus sérieuse, ou il se sentirait obligé de véritablement sortir les griffes.

Victor« Il y a encore beaucoup de gens qui me considèrent comme un être humain. »
VictorCette phrase devait être le dernier soubresaut de la pauvre enfant, sa dernière tentative, pitoyable, pour exprimer son désaccord. Mais rien qu'à travers ces mots, elle dévoilait sa faiblesse et son impuissance. Il sentait qu'elle était sienne. Pourtant, il voulait plus. Plus que la certitude personnelle de la contrôler, il voulait qu'elle l'admette. Oui voilà, aujourd'hui il allait écraser ses dernières espérances d'échappatoire. Il la soumettrait, quoi qu'il en coûte.
Victor« Beaucoup ? répéta-t-il avec un malin plaisir. Tu sais que je me moque des beaucoup. Avant d'être humaine tu es personnage, tout comme je suis auteur avant d'être humain. Tu as été créée dans le simple objectif d'être la réincarnation d'un personnage. » Il fit une pause pour tirer une énième bouffée de sa cigarette avant de continuer avec un ton moins sérieux et bien plus amusé. « Et puis, même si tu essayes de fuir Javert, tu restes Léopoldine, ne l'oublie pas. » Encore, encore, écrase-la encore, enfonce tes crocs dans sa gorge, écrase ta cigarette sur sa peau pâle, redessine inlassablement sa cicatrice, que tes mains d'écrivains brisent son petit coup d'enfant, qu'elle se noie sous tes yeux, une nouvelle fois. Oui, regrette encore une fois d'avoir détruit ce qui t'était le plus cher, et recommence.
VictorDans l'exaltation de ses propres mots, Victor s'était relevé pour se retrouver juste face à Léopoldine et la dominait à présent de toute sa hauteur. Avec un sourire méprisant, il lui attrapa la mâchoire de la main gauche sans aucune douceur et lui fit tourner la tête pour qu'elle lui dévoile sa cicatrice. Ce souvenir abominable qui défigurait presque la jeune fille. La preuve indéniable qu'elle était Javert, aux yeux de Victor. Du pouce, il suivit lentement le sillon de cette délicieuse marque, la fixant du regard sans prêter attention aux tentatives vaines de son personnage de se dégager. Puis, sans la lâcher, il conclut : « Joue si tu veux, Léopoldine. Joue autant que tu veux. Mais soit présente au carnaval de ce soir. Et je te veux discrète. Suis-je clair ? »
VictorIl avait ce sourire, cet horrible sourire, celui du vainqueur qui jouit de son pouvoir. Le sourire d'un homme qui se délecterait autant de la soumission que de la rébellion de sa victime, toutes deux preuves indéniables de sa supériorité.
 
Léopoldine J. Magyar
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty05.05.12 11:48

« Mais qu’est-ce que c’est que cet homme-là ? – Pour sûr je l’ai vu quelque part. – En tout cas, je ne suis toujours pas sa dupe. »

Pour sûr, ce Victor-là, elle avait bien de la peine à se remémorer où elle l’avait vu. Ce Victor aux dents de loup. Sûrement pas lors de leur première rencontre ; à ce moment-là, il portait encore une peau de mouton sur les épaules. Alors, quand ? Elle n’était certes pas une lumière, jamais elle n’aurait accepté de loger chez un homme qui, faute de ne pouvoir la persuader –car, il n’y avait là aucune raison d’user du terme « convaincre »- qu’elle jouait un certain rôle dont il était le créateur, se résignait à l’enfoncer plus bas que terre. Elle assumera ne pas l’avoir vu venir avec ses Misérables, certes. Toutefois, elle avait été loin de penser qu’il était du genre offensif, dans le bas sens du mot. Car, pour une fois, elle n’avait pas cherché la guerre ; juste la porte de sortie.

Et le glas sonna. A chaque fois que « personnage », « auteur », « réincarnation » et autres signes d’appartenance avaient été prononcées, le visage de la jeune fille manquait un peu plus de se briser. Tout comme celui d’Hugo prenait un tournant méphistophélique. Elle n’aimait pas quand la surface lisse et presque altière du visage de son « père » se décomposait. Que ce soit un sourire un peu trop affectueux ou, au contraire, le pire des rictus. Elle le préférait de marbre ; ça lui donnait alors une bonne raison de ne pas l’approcher.

-« Et puis, même si tu essayes de fuir Javert, tu restes Léopoldine, ne l'oublie pas. »

Elle a désormais l’impression d’assister à son propre enterrement. Car, une fois de plus, elle n’était pas dupe, non plus. Si elle avait du mal à lire la totalité des œuvres de Victor Hugo, elle ne s’était pas gênée pour fouiller dans la vie du premier auteur. Une carrière brillante, certes, il avait même rendu la justice. Et puis, entre les lignes de son superbe CV, quelques noms de femmes. Elle crut alors y discerner une faiblesse. Et ce ne fut pas qu’un simple point faible ; elle avait trouvé le talon d’Achille. Pas du bon Victor Hugo, certes, mais c’était toujours ça d’appris. Cet Achille-là portait le même prénom qu’elle : Léopoldine. Cet Achille-là aurait pu avoir le même âge qu’elle, si les abîmes ne l’avaient pas emportée. Léopoldine Hugo, fille de Victor, morte noyée et objet du recueil Les Contemplations.

A l’époque, elle venait tout juste d’encaisser le rôle de Javert, le policier sévère qui court après le héro irréprochable. Voilà maintenant qu’elle devait assumer les fonctions d’un fantôme. Rien de bien rassurant. Elle suspecta même l’auteur de l’avoir séquestrée pour entreprendre ce qu’il n’avait pu vivre avec sa progéniture. Mais cet Hugo-là ne semblait pas affecter par ce décès. D’ailleurs, il n’avait que rarement abordé le sujet. C’est pour cette raison que sa stupéfaction fut d’autant plus grande qu’il en parlait au pire des moments. Car pour elle, cela sonnait comme : « Et puis, même si tu essayes de me fuir, tu restes ma fille –aussi morte soit-elle-, ne l’oublie pas. »

Elle reste figée, et déglutit. Mais sa gorge se tord au moment où son tendre bourreau lui saisit le visage, de cette main avec laquelle il avait couché sur le papier ses personnages. Elle trouve qu’il inspecte avec un peu trop d’insistance sa cicatrice. Sa plaie autrefois béante. Son énorme pansement qui lui avait presque masquée un œil. Car on avait eu peur qu’elle soit obligée de porter un cache-œil. Ça aurait été le meilleur … La poigne de fer dans un gant de velours qui l’emprisonne fait comme un tisonnier brûlant contre son épiderme. Qui brise la glace qui lui collait à la peau. Lâchant la bandoulière de son sac, elle saisit comme un automatisme le bras de Victor, l’enserrant pour le tordre.

-« Va te faire voir ; je me ferai une joie de te couvrir de honte devant tout Cassandre. »

Elle est incroyablement frustrée, car elle ignore si elle doit le provoquer ou se taire. Elle vacille entre ce besoin irrépressible de lui tenir tête –fierté, quand tu nous tiens-, et ce désir que cette dispute absurde qui la ravage cesse. Elle ne fuit pas devant les sarcasmes, sauf quand ils sont vrais et prononcés par le seul qui sait qu’elle existe. Comme pour la réduire un peu plus dans son rôle, elle le mord soudainement, entre les doigts, pour se dégager. Un goût de chair mêlée au parfum habituel de l’homme se répand dans sa bouche. Elle voudrait lui vomir dessus, faute de trouver des contre-arguments valables. Léopoldine le repousse, geste totalement inefficace.

-« J’ose espérer que tu ne traites pas de morte toutes les passantes qui ont le même nom que moi ! Ton jeu est ridicule ! Tu n’es pas digne d’être Victor Hugo ! »

La première partie de son assaut lui fait mal. Elle n’a rien contre la première Léopoldine, au contraire, son histoire l’avait terriblement touchée. Les passantes, elles, elle les haïssait rien que pour leur rôle de passantes. Quant à Hugo, elle aurait pu se délecter de ses œuvres, si elles ne lui avaient pas été offertes par cet étrange individu qui semblait régir sa vie.


Dernière édition par Léopoldine J. Magyar le 05.05.12 17:06, édité 1 fois
 
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty05.05.12 16:03

She Wants Revenge - US.
    Late last night I was looking through pictures
    Flooded with memories I lie on the floor
    And spread them around me like friends at a party
    There faces remind me of all that I've known
    Still I can't forget all the hushed who and why's.
    All the fiction and lies and the tears and the laughs
    Take a walk through the past you and I hand in hand
    As we look at this thing called us

____Victor la regardait avec des yeux ronds, sa cigarette en suspension à quelques centimètres de ses lèvres. Tous les mots de Léopoldine résonnaient encore en lui, dans un écho sans fin. Traiter de morte les passantes. Les traiter comme mortes. Ton jeu est ridicule. Complètement ridicule. Tu n'es pas digne d'être Victor Hugo. Tu ne l'as jamais été. Va te faire voir. Il sent encore les dents de Léopoldine sur sa peau et sa poigne sur son bras. Et même si son chien se gratte, même si les passants sont bruyants devant chez lui, même s'il est assez près d'elle pour l'entendre respirer, il a l'impression qu'un silence de mort s'est emparé du salon. A vrai dire, si elle avait ajouté quelque chose, il n'aurait même pas été sûr de pouvoir l'entendre, encore moins de la comprendre. Un silence pesant, oppressant, uniquement troublé par le bourdonnement incessant dans ses oreilles. Quelque chose se noue dans ses entrailles et il n'arrive même plus à bouger et bien qu'il reste impassible il sent encore son cœur battre lentement, brutalement, sèchement. Il fallait qu'il réagisse, dès maintenant, avant qu'elle ne se rende compte à quel point ses mots l'avaient touché, blessé.
____Soudainement, son visage s'anima et un sourire abject se dessina sur ses lèvres avant qu'il n'éclate de rire. Un rictus abominable, grinçant, pervers, un hoquet infernal ; son visage entier avait perdu sa beauté initiale pour imiter un instant la grimace du diable. Avec son visage rejeté en arrière, les larmes perlant au coin de ses yeux, ses cheveux indisciplinés et ses vêtements triviaux il était à une éternité du calme et parfait Victor Hugo. Comme possédé, il ne savait pas s'il riait de rage, de surprise ou de douleur. Il fallait juste que la tension sorte quelque part, il valait mieux qu'il rie d'elle plutôt que de céder à cette pulsion de rage qui avait failli l'engloutir. S'il aimait torturer Léopoldine il se refusait à la frapper, bien qu'il en mourrait d'envie en cet instant même.

____Le rire ne dura que quelques secondes : un brusque éclat, fugitif mais brutal. Lorsqu'il se calma, il souriait toujours. A présent il n'était plus stressé ni colérique, une étrange sérénité l'emplissait et c'est presque avec bienveillance qu'il regardait Léopoldine, une bienveillance teintée de pitié. Elle l'avait peut-être blessé, mais c'était juste la preuve qu'il avait gagné et qu'il la dominait. Tant que c'était sa chose qui lui faisait du mal, il n'y avait pas de quoi avoir peur : il était plus fort qu'elle. Il suffisait juste qu'elle ne trouve pas d'autre maître devant qui s'incliner. « Tu n'es pas morte Léopoldine, et je ne te considèrerais jamais comme telle. » Et tout en disant cela il nicha sa cigarette dans un coin de sa bouche et, de sa main libre, fit lâcher prise la jeune fille sur son bras. « Tu m'es trop précieuse pour que je te laisse mourir une troisième fois. » Un seul pas les séparait l'un de l'autre, il le franchit. Puis, avec la lenteur que l'on adopte devant les animaux sauvages effrayés, il l'attrapa par l'épaule et la serra contre lui, l'autre main caressant le dessus de sa tête comme il le faisait souvent à Charles. « Je ne suis peut-être pas le Hugo qui t'a inventée, mais je refuse que tu t'écartes de ce que tu es vraiment. Alors ne pense pas à m'abandonner, d'accord ? » Sa voix était étonnement douce et chaleureuse alors que ses bras la tenaient contre lui avec force. Il semblait tellement serein, lui, la brute qui se retenait de frapper son propre personnage il y avait à peine quelques secondes. « Ne pars pas, Léopoldine. » La douceur de sa voix était devenue un chuchotement, presque inaudible, presque implorant. Était-ce une de ces multiples techniques de séduction dont il abusait toujours devant ses personnages ? Ou était-ce, pour une fois, une preuve de faiblesse du prédateur ?
____Mais la chaleur presque familiale du moment se brisa lorsqu'il regarda sa main gauche et remarqua : « Oh, je saigne. » Les canines du chien avaient transpercé la peau de l'auteur. Il ne put retenir un petit rire amusé à cette idée. Vraiment, les conflits avec Javert étaient les meilleurs.
 
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty08.05.12 13:17

Ce personnage, grave d’une gravité presque menaçante, était de ceux qui, même rapidement entrevus, préoccupent l’observateur.

Quelque chose préoccupa alors Léopoldine. Malheureusement pour elle, elle ne remarqua pas qu’une honte et un sentiment d’infériorité creusaient les entrailles de son auteur. A moins qu’elle ne l’éventre sur-le-champ, pour pouvoir admirer son nœud à l’estomac. Elle ne faisait pas dans le gore. Pas encore. Ça pouvait bien dégénérer, un jour. Elle ferait alors de la concurrence à Jack l’Eventreur. On a déjà le nom de scène : Léo’ le Loup-Garou. Avec Victor Hugo en première et unique victime. Pas très évocateur, ni prétentieux. On oserait même parler de crime passionnel. Laissez-la rire. Même si elle ne rit pas souvent. Si ce n’est jamais. Elle aurait pu rire, cette fois-ci, si elle avait seulement remarqué la stupeur qui avait frappé l’ego de Victor. Cependant, elle était trop sur ses gardes, prête à encaisser sa prochaine remarque blessante. Elle était peut-être un peu fière de ce qu’elle lui avait asséné. Et ce fut à ce moment qu’elle nota tout de même quelque chose.

Il faut savoir tout d’abord que Victor Hugo, fort dans sa profession d’avocat, avait toujours réponse à tout. Parce qu’il était un érudit, et que l’argumentation, ça le connaissait. De ce fait, il avait développé la fâcheuse manie de répondre aussitôt aux propos de Léopoldine. Dans certains cas, elle n’avait même pas le temps de finir de formuler sa phrase qu’il rétorquait déjà, avec toutes ses belles tournures de phrases. Le phénomène s’amplifiait jusqu’à devenir un automatisme lorsqu’ils se disputaient. Ce qui finissait d’irriter la demoiselle, d’ailleurs. Seulement voilà, après qu’elle lui eut craché à la figure qu’il n’était pas digne d’être Victor Hugo, elle avait eu l’étrange impression d’avoir pu finir sa phrase. Quand elle parlait peu, les chances qu’il la coupe étaient réduites. Seulement, cette fois-ci, elle s’était essayée à la tirade, et en était venue à bout. Quelque chose n’allait pas. Il aurait dû l’empêcher de finir. Il aurait dû aussitôt lui tordre le bras pour qu’elle se taise.

Mais non. Il n’avait rien fait de tout ça. Et si …
Il s’est mis à rire. Tranchant littéralement son raisonnement. Un rire méphistophélique. Qui retourna cette fois-ci les viscères de la jeune femme. On atteignait les sommets de la frayeur. Vraiment, elle avait beau vivre sous le même toit que lui depuis un moment déjà, elle ne s’habituait pas à ses excès de colère ou de folie. Comme si le rôle de l’auteur avait fait germer en lui une graine qui le condamnait non seulement à avoir de l’imagination, mais aussi à sombrer dans les méandres de Dame Folie. S’il lui avait laissé l’occasion, elle se serait fait une joie de lui souligner que de l’imagination, il n’en avait pas beaucoup, s’il se contentait de couver les personnages de son prédécesseur. Cependant, une fois de plus, il prit les devants. Et ce qu’il fit dépassa toutes les plus sombres inquiétudes de Léopoldine.

Dans un geste lent et étrangement paisible, il lui fit lâcher prise et entreprit de l’enlacer, l’étreignant contre lui. Les yeux de Léopoldine s’écarquillèrent. La peau de son visage se tendit tellement qu’on aurait pu croire que sa cicatrice allait se rouvrir. Elle aurait bien souhaité se débattre pour qu’il lâche prise mais la stupeur la figeait comme une gargouille de Notre-Dame. Elle n’osait même plus le toucher. La peau de ses bras et de son dos se maculaient de frayeur. Elle se prêtait même à penser qu’il allait la poignarder par derrière. Ou pire encore, l’étouffer en l’enlaçant. Elle ne méritait pas ce genre de mort, tout comme elle ne méritait pas cette effusion de sentiments. C’était surtout qu’elle n’en voulait pas. Comme elle ne voulait pas de cet étrange discours qu’il lui tenait là. Etait-ce une nouvelle manière de la provoquer ? L’anéantissement par l’attendrissement ? Dans ce cas, elle ne se laisserait pas atteindre, quand bien même il répète qu’il avait besoin d’elle, qu’il ne voulait pas qu’elle parte. Elle resta donc immobile entre ses bras qui se voulaient chaleureux. Décidément, devait-elle penser, ça ne lui allait pas d’être gentil avec elle. Il portait mieux le sabre que le bouquet de fleurs, en ce qui la concernait.

Et pourtant. Elle avait beau tenir maintes réflexions sur la fausseté de sa tendresse, il persistait une part, tout au fond d’elle, qui espérait que ce geste d’affection soit vrai. Il jouait le père, très bien, alors elle se ferait une joie d’être sa fille, si seulement ce n’était pas un rôle à double tranchant. Elle se surprit à avoir un peu élevé ses bras, comme si elle avait eu l’intention de lui rendre la pareille. Mais elle n’en fit rien, au point de les laisser en suspension dans le vide, dans un geste interrompu. Ça ne pourrait jamais marcher entre eux, car tous deux refusaient de descendre de leur piédestal respectif. Elle le laissa donc la bercer, toujours immobile, mais ne se débattant pas pour autant. Son pouls avait ralenti. L’animal était moins effrayé. Au moins, il ne lui balançait plus des horreurs à la figure. Il eut même un faible rire, en découvrant qu’elle l’avait mordu pour de bon. C’était son chien après tout.

Léopoldine se dégagea aussitôt, n’osant à peine accorder un regard à la plaie de son maître. Elle baissa les yeux. Marque de faiblesse. Elle se frotta le coude. Marque de gêne. Et déclara à mi-voix, comme une gamine qu’on venait de disputer. Marque de soumission :

-« Je vais à l’entraînement. Sa voix se raffermit. Et ne tâche pas de me suivre. De toute façon, tu sais pertinemment que je reviendrai ici –pour ne pas dire « vers toi »-, car je ne serai pas satisfaite, tant que tu ne me diras pas pourquoi mon personnage meurt-il de manière si pitoyable. »

Elle n’avait pu se retenir plus longtemps, l’origine de sa colère ayant refait surface. Elle ne se sentait pas prête pour une réponse immédiate car, à ce moment-là, les dernières lignes sur Javert s’imprimèrent sur sa rétine.


Dernière édition par Léopoldine J. Magyar le 04.07.12 9:23, édité 1 fois
 
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty25.06.12 16:13

Here comes the sun. - The Beatles.
    Little darling, I feel that ice is slowly melting
    Little darling, it seems like years since it's been clear
    Here comes the sun
    Here comes the sun, and I say
    It's all right


_____Léopoldine était véritablement sans cœur, elle n'avait pas bougé un seul sourcil face à l'étreinte affectueuse de son hôte. Cela faisait rire Victor silencieusement, d'un rire amusé et amer. Il avait parfois l'impression qu'elle était son personnage le plus accompli, celle qui suivait au plus près son destin, dans sa tentative même d'y échapper. Son petit air bougon, sa froideur, sa faiblesse, son incapacité à se séparer de ses idéaux, il la trouverait presque adorable. Même si, parfois, il l'aimerait un peu plus douce, un peu plus aimante, un peu plus féérique. Il aurait aimé partager sa maison avec quelqu'un d'aussi beau, d'aussi doux que sa mère Sophie. Dans le désespoir de l'avoir perdue, il avait attrapé le premier chien abandonné qu'il avait trouvé : Léopoldine ; et s'il s'en félicitait souvent, il aurait parfois préféré une présence plus chaleureuse.
_____Il souriait en l'observant, sa petite Léopoldine. Il ne prêtait déjà plus attention à sa blessure, savourant plutôt les multiples signes de faiblesse qu'elle dévoilait peu à peu. Il souriait, encore, toujours plus, véritablement attendri, apaisé. Et comme à chaque fois qu'il était content (ou énervé) il avait la pulsion de se rapprocher d'elle, dans un besoin possessif presque alarmant : la faire obéir, la posséder, l'enfermer, la toucher, la connaître par cœur et faire en sorte qu'elle ne puisse jamais, jamais sortir de ses griffes aiguisées. Une énième fois, il fit glisser les cheveux argentés entre ses doigts, les chassant du visage de la jeune fille, les faisant se nicher derrière une oreille, bien qu'ils en partiraient bien assez tôt. Elle et son obstination à ne pas se laisser faire, tout en restant incapable de vaincre... Victor Hugo souriait, il était si fier de lui que cela en devenait obscène.

_____« Je vais à l’entraînement.
-Amuse-toi bien.
-Et ne tâche pas de me suivre.
-Ne t'inquiète pas, je ne suis pas prêt de sortir dans cette tenue.
-De toute façon, tu sais pertinemment que je reviendrai ici, car je ne serai pas satisfaite, tant que tu ne me diras pas pourquoi mon personnage meurt-il de manière si pitoyable. »
_____Il haussa un sourcil à cette dernière remarque, toujours souriant, profitant de sa cigarette qui touchait à sa fin. Il semblait s'amuser beaucoup, redevenant le Victor moqueur dont elle avait l'habitude, beaucoup moins effrayant et possessif ; mais toujours aussi énervant. « Une fois que tu comprends le personnage, tu comprends sa mort. Je suis avocat, pas professeur de littérature, ce n'est pas à moi qu'il faut demander. » Il finit sa phrase en passant naturellement la main dans les cheveux de l'étudiante pour les lui ébouriffer énergiquement, avec toujours ce sourire horripilant, increvable, de l'homme qui a enfin eu ce qu'il voulait. Puis il lui murmura avec la tendresse d'un père : « Va donc, je viendrai admirer tes exploits la prochaine fois. » Ce n'est qu'à ce moment-là qu'il brisa le contact avec sa chevelure. Il lui tourna alors le dos, écrasa sa cigarette auprès de ses congénères passées et se traina vers son fauteuil et son journal, baillant et s'étirant.
____Victor Hugo n'était plus de mauvaise humeur, il avait craché son mécontentement sur Léopoldine avec succès : la conversation était terminée.
 
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MessageSujet: Re: [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger.   [Carnaval.] Vous voulez le punir ? Privez-le de danger. Empty04.07.12 10:05

Il se nommait Javert, et il était de la police.

Il paraîtrait que, faute d’avoir pu prouver la véritable culpabilité de Jean Valjean, Javert était allé finir ses jours dans un caveau, après s’être jeté dans quelque fleuve français. A moins qu’il ne se soit directement tiré une balle dans le crâne. Non, si on voulait faire dans le dramatique, la Seine s’imposait. Le suicide, en tout cas. Léopoldine n’était pas particulièrement croyante ; elle se rendait à la messe, quelques fois, quand son père en avait décidé ainsi. On dit qu’il était un très bon camarade avec le prêtre de la paroisse. Et la jeune fille se demandait alors s’il ne venait pas simplement pour qu’on admire son beau par-dessus au milieu des cierges. Toutefois, s’il y avait un principe qu’il respectait bien, et qu’il prenait même au pied de la lettre, c’était de respecter son prochain. La jeune fille aurait bien voulu qu’il se passe de ce sermon-là.

Même si. Même si, comme tout être humain bien pensant, elle préférait qu’il la flatte plutôt qu’il la chasse à coups de pied. Un peu comme ce chien, qui vient vous faire les yeux doux, juste pour que vous lui refiliez un peu à manger. Vos caresses, il se les. Enterre dans le jardin. Ça, c’est pour une bonne partie de sa journée. Toutefois, il y aura bien un moment où il posera la tête sur vos genoux, non plus dans l’espoir de bouffer, mais bien pour que vous lui grattiez l’oreille. D’ailleurs, Victor replaça une mèche de cheveux translucide derrière l’oreille de Léopoldine.

Et elle, en bon chien qu’elle était, pouvait toujours aller se gratter justement, pour qu’il réponde clairement à sa question. Etait-il le digne représentant de Victor Hugo, ou quoi ?! La moindre des choses eut été qu’il s’instruise un minimum sur ses œuvres ! Le visage de la jeune fille se tordit une nouvelle fois sous les traits de la colère. Les dents serrées, et quelques plis, entre ses deux yeux. Elle avait presque des canines trop grandes pour elle. La mèche qu’il avait soigneusement remise en place retomba devant son œil froncé. Elle hésita, pendant de longues secondes, à cause de son temps de réaction légendaire, à exploser de nouveau à ses pieds. Mais son auteur s’était déjà retourné, un sourire béat accroché à ses lèvres. Et, elle savait mieux que quiconque que, lorsque l’avocat avait décidé de mettre fin à une conversation, l’autre interlocuteur avait tout intérêt à rester sur sa faim. En particulier lorsqu’il lui était totalement soumis.

De ce fait, elle resta quelques instants plantée dans la cuisine, la bouche entrouverte, comme un requin échoué sur la plage. Puis, comme dragon, elle fit volte-face, ses cheveux en guise d’elle, manquant de renverser une chaise, s’ils avaient été plus lourds. Elle ramassa son sac, fit crisser les semelles cramponnées de ses chaussures et sortit, n’omettant pas, au passage, une caresse pour Charles, le seul être qui le comprenait dans cette grande baraque. Dans l’entrée, la porte grande ouverte sur la rue glacée, elle lâcha un « A ce soir ! » digne d’un rugissement de vieux dragon et s’éclipsa.

Elle songeait déjà à changer de sport. Ou à prendre une place pour Victor au premier rang, lors de son prochain match.
 
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